dimanche 9 décembre 2007

Critique du film "My Blueberry Nights"

Genre: road movie (note: *** / ****)

Réal: Wong Kar Waï
Avec: Norah Jones, Jude Law, Natalie Portman, Rachel Weisz, David Strathairn, etc.

"Je reviens te chercher, je savais que tu m'attendais..."

Elizabeth ? Lizzie ? Beth ? Qui est donc cette fille qui entre un soir de pluie dans le café new yorkais de Jeremy et semble perdue ? Si perdue qu'elle décide de se perdre tout à fait, lui laisse les clés d'un autre et part dans une traversée de l'Amérique d'est en ouest. La ruée vers l'ouest d'une chercheuse d'or au coeur brisé. Ou le croit-elle. Mais avant de partir, les quelques soirs qu'elle a passé à manger des tartes aux myrtilles, accoudée au bar de Jeremy, ont tissé des liens invisibles mais de plus en plus épais au fur et à mesure qu'elle s'éloigne.

D'abord, c'est une ambiance, une lumière, un son. La photographie superbe comme toujours de Darius Khondji sert parfaitement cette histoire d'errance, de fuite qui se transforme en quête. Elizabeth fuit un homme tout juste perdu et va finalement trouver une femme : elle. Mais d'abord elle va faire des rencontres.

Le film se décompose en trois parties et la partie la plus émouvante est certainement celle qui met en scène David Strathairn et Rachel Weisz en couple (ex-couple) déchiré. Elle l'a quitté, il boit pour oublier. La lumière est sombre, Rachel Weisz est belle comme jamais, naturelle et sensuelle à se damner. Et d'ailleurs il se damne. Cette partie du film est magnifique.

La troisième partie avec Natalie Portman se voudrait plus légère, ludique même, mais elle est plus profonde que ça. Les apparences sont souvent trompeuses...

Elizabeth-Lizzie-Beth reviendra à son point de départ mais n'en repartira pas pour autant de zéro : quand le point de départ/retour a la gueule d'ange de Jude Law (ici particulièrement craquant) on ne peut pas vraiment appeler ça "repartir de zéro". D'autant que de son périple, elle a ramené quelques leçons de vie et peut-être même une envie.

Sometimes you have to travel very far just to find out who you are...

samedi 8 décembre 2007

Critique du film "Ce que mes yeux ont vu"

Genre: Histoire d'art (note: *** / ****)

Réal: Laurent de Bartillat
Avec: Sylvie Testud, Jean-Pierre Marielle, James Thiérrée, etc.

"Never, never, never give up" - Winston Churchill

Lucie, une jeune femme un peu décalée, étudiante en histoire de l'art, se prend de passion pour Watteau et décide de découvrir qui se cache derrière la femme qui est présente sur de nombreux tableaux de Watteau, mais toujours peinte de dos. Encouragée, plutôt indirectement, par son maître de thèse, elle va se dévouer corps et âme à cette quête.

Que dire sinon que ce film est une perle rare, d'une beauté inouie, pas visuelle mais artistique, morale, humaine. La frêle Sylvie Testud est à la fois la fragilité et la force incarnées. Ses yeux bleus transpercent l'écran, son jeu décalé presque fantomatique hypnotise, elle a une présence incroyable. La voix de Jean-Pierre Marielle mériterait un post à elle toute seule tellement elle est envoûtante.

Le montage permet de suivre l'histoire comme une véritable enquête policière. Qui était cette femme ? Qu'était-elle pour Watteaux ? Même si tout est fiction, on en viendrait presque à se demander si Laurent de Bartillat n'a pas mis à découvert une vérité.

La musique de David Moreau ajoute encore au mystère, rythme la quête insensée mais au final victorieuse d'un petit bout de femme portée par sa passion et encouragée dans l'ombre par un grand homme qui n'a jamais pu aller au bout de la sienne.

Un très très beau film.

Critique du film "A la croisée des mondes: la boussole d'or" (the golden compass)

Genre: get lost (note: 0 / ****)

Real: Chris Weitz
Avec: Nicole Kidman, Sam Elliott, Eva Green, Daniel Craig, Dakota Blue Richards, etc.

Inutile de tourner autour de la boussole, c'est l'ennui mortel assuré. Quelques bonnes idées (les daemons) et un esthétisme parfois réussi. Et souvent pas: Nicole Kidman, déjà glaciale au naturel, est ici certes très belle mais paraît aussi vivante que les images de synthèse des daemons. Dakota Blue Richards n'a qu'une chose en commun avec Dakota Fanning, c'est le prénom, pas le talent malheureusement pour elle. Niveau réalisation rien ne bouge, rien ne dépasse, tout est figé. Le temps est long, long, long. Rien à sauver. Mais il est fortement conseillé de se sauver.