vendredi 29 janvier 2016

Ulay, Ulay, oh...



Je ne suis pas fan du tout de ce genre de démonstration que l'on appelle pompeusement de l'art "moderne". Je ne vois pas en quoi s'asseoir sur une chaise et fixer des étrangers pendant une minute à la chaîne, peut s'apparenter à de l'art. Et le fait que la scène se passe entre les murs du prestigieux MoMA ne lui donne pas une légitimité artistique pour autant à mes yeux. Et pourtant...

Qu'est-ce que l'art ? Une représentation/création (peinture, livre, musique, ballet, etc) originale ou adaptée qui va faire émerger une émotion. Et c'est le cas pour moi chaque fois que je visionne cette vidéo : à 1:45 chrono... l'émotion naît. Mais elle naît d'un tout, d'une addition de plusieurs choses qui ont été assemblées pour créer ce petit film. C'est ce petit film dans son entièreté qui constitue l'œuvre d'art et pas seulement la démonstration de Marina Abramovic.

Le texte sur fond noir d'abord qui pose le contexte, l'introduction sous forme de défilé d'inconnus qui viennent prendre place l'un après l'autre, chacun son style, chacun son "stare", homme, femme, jeune, vieux, blanc, ethnique, ils composent une frise. Puis il arrive. Ulay, Ulay, oh...

D'un pas décidé, élégant, il arrange sa mise comme un adolescent à son premier rendez-vous amoureux, s'installe en prenant son temps, conscient de chaque geste. En ouvrant les yeux, elle est clairement surprise de le trouver là, face à elle, face à face comme 35 ans auparavant. Sa surprise est dans un imperceptible plissement des yeux ; lui entre heureux d'être là et désolé de lui faire ça. Au début, elle semble heureuse de le voir et peu à peu la joie laisse place à l'émotion.

Il y a une telle nostalgie dans leur regard. On y croise tous les non-dits, tout ce qu'ils ont vécu ensemble, ce qu'ils ont vécu après, le temps qui a passé et qui ne reviendra plus. Qu'ont-ils fait de leurs vingt ans ? Qu'ont-ils fait de cette vie sans eux ? C'est comme s'ils (elle surtout) prenaient conscience de tout ce temps qui a passé, de leur jeunesse perdue, leurs amours périmées. Et cette émotion qui monte, monte, monte, finit par la submerger, nous submerger. Elle ne parvient plus à la contenir, les larmes coulent sans bruit, elle rompt sa posture et son silence. On ne sait pas ce qu'ils se disent et c'est mieux comme ça, chacun peut y mettre ce qu'il veut, comme une image qu'on colorie soi-même. La minute s'achève, il se lève, il s'en va. C'est fini. L'art est parfois éphémère. Il faut s'en remettre. Ulay, Ulay, oh...

Lorsqu'elle ouvre les yeux sur la personne suivante, qui s'est assise après lui, la déception est si grande que ce soit quelqu'un d'autre face à elle qu'elle les referme aussitôt comme pour prolonger le moment précédent, faire durer l'émotion encore, la garder en elle un tout petit moment de plus.

Et enfin il y a la chanson, révélateur de cette émotion. La chanson fait beaucoup. Il faut se laisser envahir par la musique, il faut surtout écouter les paroles. Ulay, Ulay, oh...

Tout est beau ici. Tout... sauf peut-être la réalité, hors champs, hors cadre. Mais qui s'en soucie ? L'art travestit la vie et transcende ce qu'elle peut avoir de laid. Il est là pour ça, et c'est très bien ainsi.
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mercredi 27 janvier 2016

Bonne résolution pour 2016

Oui, au singulier car il n'y en a qu'une digne d'être partagée ici : écrire plus de posts.


Vu ma piètre performance de 2015 (plus rien après le retour de vacances d'été) ça ne devrait pas être trop difficile :)


On verra !