lundi 30 septembre 2013

Critique de "La Gifle" (the slap)

Genre: wake up call (note: **/****)


Série australienne (2011)
Basé sur le livre de Christos Tsiolkas
Avec Jonathan LaPaglia, Sophie Okonedo, Alex Dimitriades, Essie Davis, Lex Marinos, Sophie Lowe, Blake Davis et Melissa George

Au cours d'un barbecue organisé pour fêter les 40 ans d'Hector, entouré pour l'occasion de sa famille grecque et d'un petit groupe d'amis, Harry, le cousin grande gueule d'Hector assène une gifle à un gamin de 4 ans qui avait été positivement insupportable toute la journée. Cette gifle va sonner le glas de la vie des personnes présentes, telle qu'ils la vivaient jusque là.

La série comporte huit épisodes, chaque épisode se concentrant sur un personnage en particulier, dans sa vie quotidienne après l'incident du barbecue. Ils sont tous différents, parfois ils ne se connaissaient même pas avant de se retrouver ensemble à ce barbecue, et pourtant tous vont être impactés par cette claque, comme si chacun d'eux l'avait reçue de plein fouet, individuellement. Cette gifle réveille les esprits.

Certains se rendent compte que la vie qu'ils mènent ne leur convient plus depuis longtemps mais qu'ils se sont endormis sur leurs lauriers, leur petit quotidien étriqué. Un autre au contraire (Hector) réalise qu'il s'était engagé sur un chemin dangereux qui pouvait tout lui faire perdre : femme, enfants, famille et que cette vie qu'il pensait banale et monotone est en fait son seul trésor. La mère du gamin giflé est sans doute celle qui paie le prix le plus fort à court terme : à trop vouloir obtenir réparation pour son fils, c'est finalement elle qui se retrouve dans l'oeil du cyclone et qui aura le plus de mal à se remettre d'une situation qu'elle a provoquée de bonne foi, sans se rendre compte des conséquences pour elle et sa famille, et qui au final lui échappe.

Bref, chacun vacille mais nul ne tombe. Comme si la gifle avait pris une photo de l'instant T de la vie de ce groupe et les avait mis face à eux-mêmes, à leurs petits mensonges et grandes lâchetés. Tous s'en sortent vivants mais à la fin du dernier épisode, le futur s'ouvre pour certains (Richie, Rosie et Gary, Manolis, Harry et Sandy, Connie) mais semble plus qu'incertain pour d'autres (Hector et Aïsha, Anouk).

La réalisation est sobre et nous amène au coeur des émotions et des doutes de chaque personnage, tous superbement interprétés par des acteurs pour la plupart assez peu connus internationalement : la plus connue est probablement Melissa George (Alias, Grey's anatomy, Lie to me, En analyse), mais aussi dans une moindre mesure Jonathan LaPaglia (Cold case, certes moins connu que son grand frère Anthony) et Essie Davis (Miss Fisher's murder mysteries). Enfin, mention spéciale au générique de début, très réussi tant par l'image que la musique. Sobre et élégant. Parfait.

Bref cette série agit comme un wake up call pour chacun même si, au final, pas grand monde se remet profondément en question mais chacun sait maintenant ce que les autres pensent de lui/elle. En ça, leur vie ne sera plus jamais pareille.
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vendredi 27 septembre 2013

La dame de la mer

Genre: naufrage (note: 0/****)


Pièce d'Henrik Ibsen, adaptation d'Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Jean-Romain Vespérini
Avec Anne Brochet, Jacques Weber, Jean-Claude Durand, Ninon Brétécher, Chloé Chaudoye, Laurent Fernandez, Jean-François Lapalue et Antoine Quintard.

J'y allais pleine d'enthousiasme... Jacques Weber et Anne Brochet, quelle belle affiche. Pourtant, dès les premières minutes, ça ne le fait pas. Ils jouent faux. En fait, ils ne jouent pas, ils récitent et tout le problème est là.

Jacques Weber a bien 20 kilos de trop, il se déplace difficilement, sue beaucoup, s'essouffle à la moindre tirade de plus d'une phrase. Je me suis demandée tout au début si c'était fait exprès, si le rôle le commandait. Je ne crois pas. J'ai bien cru, pendant toute la pièce, qu'il allait finir comme Molière... Et quand il est venu saluer à la fin, il faisait une gueule de trois pans de long. Clairement il n'était pas dedans et peut-être que lui-même s'en est rendu compte, d'où sa tête au moment des bravos (discrets).

A sa décharge, il n'est pas très aidé par une mise en scène qui manque cruellement de créativité (à part bouger d'un côté à l'autre de la scène, il n'y a pas grand chose), ni par Anne Brochet. Elle délivre un jeu mécanique, butte sur les mots, semble chercher sa place sur scène maladroitement (de nouveau : que fait le metteur en scène ?). Ou peut-être est-ce l'adaptation d'Eric-Emmanuel Schmitt qui manque de fluidité.

Le fait est que les seconds rôles s'en sortent mieux, à commencer par Ninon Brétécher et Chloé Chaudoye qui jouent les filles de Jacques Weber, issues de son premier mariage, et dont la mère est morte. Chloé Chaudoye a un petit côté Audrey Tautou dans le phrasé qui n'est pas désabréable.

Dans l'ensemble ce fut une déception. J'ai bien cru que j'allais m'endormir à plusieurs reprises. Et même si le message est beau (ce n'est qu'une fois réellement libre que l'on peut choisir son destin), la pièce est décevante. Ils n'en sont qu'au début des représentations, peut-être que ça ira mieux une fois qu'ils seront tous bien rodés.
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