vendredi 22 novembre 2013

22 novembre 1963

Don't let it be forgot
That once there was a spot
For one brief shining moment
That was known as Camelot
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jeudi 7 novembre 2013

The company you keep

Genre: the way we were  (note: **/****)


Réal. Robert Redford
Avec Robert Redford, Julie Christie, Shia LaBeouf, Brit Marling, Brendan Gleason, Chris Cooper, Stanley Tucci, Sam Elliott, Susan Sarandon, Nick Nolte

Il y a du Bob Woodward chez Ben Shepard (le personnage interprété par Shia LaBeouf) : une intelligence pour flairer la vérité derrière les apparences (aussi évidentes semblent-elles), de la détermination, de l'audace, un goût du risque pour déterrer l'Histoire.

Il émane de ce film une grande nostalgie. Nostalgie de ce qui fut et n'est plus, des batailles perdues sans avoir gagné les guerres, du temps qui passe et sépare ceux qui s'aimaient, des deuxièmes chances, de la jeunesse fougueuse, des amours sacrifiées...

La réalisation de Robert Redford accentue cette impression de nostalgie et lui ajoute presque de la résignation. Presque seulement car il se bat encore, parce qu'il a une nouvelle vie à sauver, une fillette dont il est seul à s'occuper et qu'elle est tout ce qui compte pour lui désormais. Mais il se bat sans flamboyance, sans arrogance, avec la force tranquille de son âge. Il est encore beau malgré les sillons qui ont creusé son visage. Il n'est plus Hubbell, il n'est plus the Sundance Kid, il est loin de Gatsby, il est devenu... lui-même. Chacun des films qu'il réalise écrit un peu plus sa véritable histoire, celle du mec qu'il semble être : un passionné de cinéma, de nature, de culture. Un mec bien.

Entouré d'un casting cinq étoiles principalement composé de vieux briscards, il fait la part belle à Shia LaBeouf (bien loin de Transformers) sensationnel en journaliste qui sait encore ce que veut dire "journalisme d'investigation" mais sans sacrifier une certaine éthique, une morale.

Un film en équilibre, à l'image de sa dernière scène, muette et très réussie qui ferme le livre du passé pour s'ancrer résolument dans le présent et le futur. Le futur seulement.

Can it be that it was all so simple then?
Or has time re-written every line?
If we had the chance to do it all again
Tell me, would we? could we?


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mardi 5 novembre 2013

Critique du film "Gravity"

Genre :  Hollywood, we have a problem... (note: */****)


Réal. Alfonso Cuaron
Avec Sandra Bullock, George Clooney, (la voix de) Ed Harris

La scène d'ouverture est superbe et, enfin, la 3D est justifiée (d'ailleurs il faut souligner que les lunettes spéciales 3D se sont bien améliorées et ressemblent enfin à des lunettes et non plus à cet espèce de cadeau Bonux un oeil rouge un oeil bleu qui filait la migraine au bout de dix minutes de film).  Je disais donc que la scène d'ouverture est à couper le souffle.  On entend grésiller la voix d'Ed  "failure-is-not-an-option" Harris, petit clin d'oeil à son rôle dans Apollo 13, sur fond d'espace absolu, d'un bleu profond dans lequel petit à petit vient s'incruster la Terre. En 3D c'est superbe, vraiment.

Les quinze premières minutes se laissent voir tranquillou. A ma gauche, Sandra Bullock en bonhomme Michelin en train de dévisser des boulons sur un satellite, au centre un autre astronaute, à droite George "who-else?" Clooney qui s'amuse comme un petit fou à faire des roulades et des galipettes dans l'espace tout en racontant des blagues censées détendre l'atmosphère mais qui ne font que stresser davantage Sandra Bullock, un médecin (?) qui s'est retrouvée là on ne saura jamais trop pourquoi, sinon pour justifier un scénario qui tient en une ligne : Sandra Bullock est satellisée seule dans l'espace et on se demande bien comment elle va revenir sur Terre. Au bout de quinze minutes, la catastrophe se produit et à partir de là on va suivre Sandra (tellement botoxée qu'elle n'arrive même plus à froncer les sourcils) en solo poursuivant son but ultime : rentrer chez elle.

Je ne dirais pas que je me suis ennuyée, non parce que les images de l'espace sont vraiment très belles et que le film dure à peine 90 minutes, mais l'histoire tient sur un ticket de métro, le jeu de l'actrice est minimaliste, elle n'a pas dû se fouler un neurone à apprendre les dialogues (no, no, no, Oh my God, please, please, please, come on, come on, come on) et les clichés ne nous sont pas épargnés (sur les russes et les chinois, comme toujours). La meilleure scène du film est la dernière avec George Clooney dont on s'attendrait presque à ce qu'il offre un petit café à sa coéquipière un tantinet paniquée.

Bien sûr la musique en fait des caisses dans la dernière scène, l'angle de prise de vue en rajoute une couche, le jeu de Sandra Bullock enfonce le clou et on n'a quand même qu'une hâte : en finir.

J'ai mis une étoile pour George et pour les effets spéciaux (et un peu aussi pour la voix de Ed Harris, que j'adore). Pour le reste...
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lundi 21 octobre 2013

Critique du film "Blue Jasmine"

Genre: made of lies / Madoff lies... (note: **/****)


Réal. Woody Allen
Avec: Alec Baldwin, Cate Blanchett, Bobby Canavale, Louie CK, Sally Hawkins, Peter Sarsgaard, etc.

Toute ressemblance entre Jasmine French et Ruth Madoff ne serait pas purement fortuite. Woody Allen semble avoir mis tout un tas de détails (véridiques) de la vie de Ruth dans un shaker et bien secoué tout ça pour aboutir à sa Jasmine. Le monde entier connaît l'histoire de Ruth et Bernard Madoff, Woody Allen en donne sa propre lecture avec tout le talent qu'on lui connaît.

De ce film ressort plusieurs choses : d'abord qu'on s'habitue vite à l'argent, au confort, au pouvoir qu'il procure et que même une fois ruiné on continue comme si de rien n'était. Un peu comme un amputé de la jambe continue d'avoir des fourmis dans les doigts de pieds. L'argent donne une posture, un vocabulaire, un maniérisme, une deuxième nature que la ruine n'éradique pas. Ces "gens-là" se reconnaissent entre eux, comme le personnage de Peter Sarsgaard repère immédiatement Cate Blanchett dans un appartement bondé, à son sac Hermès, sa ceinture Chanel et ses souliers Roger Vivier. Ils viennent du même milieu, de la même caste, ils se sont retrouvés.

Ensuite que le mensonge finit toujours par vous revenir dans la gueule comme un boomerang. Le mari de Jasmine paiera le prix ultime pour toutes ses tromperies et trahisons.

Enfin, que le hasard ne fait pas toujours bien les choses et que le destin peut basculer d'une seconde à l'autre à cause d'un coup de fil ou d'une rencontre fortuite : Jasmine appelle le FBI pour se venger des infidélités de son mari et enclenche ainsi le mécanisme qui la mènera à sa propre perte ; quelques années plus tard, une rencontre sur un trottoir fait basculer tout son avenir alors qu'elle était si près d'une nouvelle vie, qu'elle la tenait à portée de main (ou de doigt, en l'occurrence).

Le film se clot sur une fin ouverte. Que va devenir Jasmine (impeccable Cate Blanchett, pour une fois vraiment impressionnante) ? On ne sait pas mais on peut penser qu'elle va soit se suicider (peu probable), soit se reprendre et recommencer. Question de survie.
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vendredi 4 octobre 2013

The Guitrys

Genre: Rossignol de printemps (note: ****/****)


Pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Steve Suissa, décors et scénographie de Stéphanie Jarre
Avec Martin Lamotte, Claire Keim et Sylvain Katan
Au théâtre Rive Gauche

De leur rencontre en 1915 à leur séparation en 1932, Sacha Guitry et Yvonne Printemps formèrent un couple de légende à la scène comme à la ville. Leur talent et leur caractère en font un couple fascinant auquel la pièce rend un superbe hommage sous la plume visiblement conquise d'Eric-Emmanuel Schmitt.

Schmitt ne trahit pas Guitry et lui emprunte d'ailleurs ici et là, ses propres expressions. Il faut dire qu'il y a de quoi faire et que c'est souvent un vrai régal : "l'amour à deux, ça dure le temps de compter jusqu'à trois", "il y a des femmes dont l'infidélité est le seul lien qui les attache encore à leur mari", "être riche ce n'est pas avoir de l'argent, c'est en dépenser" etc. A en croire la pièce, Guitry avait trouvé en Yvonne Printemps une femme qui avait autant de répartie (et d'humour grinçant) que lui : "il vaut mieux, pour une femme, être jolie qu'intelligente parce qu'en ce qui concerne les hommes, il y a plus d'idiots que d'aveugles".

L'ambiance générale est légère tout en racontant sérieusement une histoire d'amour (de passion ?) aussi intense que destructrice.  La mise en scène est originale et très réussie. Martin Lamotte campe un Guitry plutôt sobre mais son expérience d'acteur de comédie lui permet de faire passer l'humour avec subtilité. La vraie belle surprise est Claire Keim.  Dans les passages chantés, elle révèle un beau brin de voix. Dans les échanges avec son partenaire, elle est d'un naturel bluffant, pétillante comme une bulle de champagne, mignonne tout plein, très à l'aise avec son personnage. En un mot : elle est formidable.

Bref, un pur moment de bonheur, qui dure 90 minutes. Ce n'est pas si souvent. Alors allez-y vite !
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lundi 30 septembre 2013

Critique de "La Gifle" (the slap)

Genre: wake up call (note: **/****)


Série australienne (2011)
Basé sur le livre de Christos Tsiolkas
Avec Jonathan LaPaglia, Sophie Okonedo, Alex Dimitriades, Essie Davis, Lex Marinos, Sophie Lowe, Blake Davis et Melissa George

Au cours d'un barbecue organisé pour fêter les 40 ans d'Hector, entouré pour l'occasion de sa famille grecque et d'un petit groupe d'amis, Harry, le cousin grande gueule d'Hector assène une gifle à un gamin de 4 ans qui avait été positivement insupportable toute la journée. Cette gifle va sonner le glas de la vie des personnes présentes, telle qu'ils la vivaient jusque là.

La série comporte huit épisodes, chaque épisode se concentrant sur un personnage en particulier, dans sa vie quotidienne après l'incident du barbecue. Ils sont tous différents, parfois ils ne se connaissaient même pas avant de se retrouver ensemble à ce barbecue, et pourtant tous vont être impactés par cette claque, comme si chacun d'eux l'avait reçue de plein fouet, individuellement. Cette gifle réveille les esprits.

Certains se rendent compte que la vie qu'ils mènent ne leur convient plus depuis longtemps mais qu'ils se sont endormis sur leurs lauriers, leur petit quotidien étriqué. Un autre au contraire (Hector) réalise qu'il s'était engagé sur un chemin dangereux qui pouvait tout lui faire perdre : femme, enfants, famille et que cette vie qu'il pensait banale et monotone est en fait son seul trésor. La mère du gamin giflé est sans doute celle qui paie le prix le plus fort à court terme : à trop vouloir obtenir réparation pour son fils, c'est finalement elle qui se retrouve dans l'oeil du cyclone et qui aura le plus de mal à se remettre d'une situation qu'elle a provoquée de bonne foi, sans se rendre compte des conséquences pour elle et sa famille, et qui au final lui échappe.

Bref, chacun vacille mais nul ne tombe. Comme si la gifle avait pris une photo de l'instant T de la vie de ce groupe et les avait mis face à eux-mêmes, à leurs petits mensonges et grandes lâchetés. Tous s'en sortent vivants mais à la fin du dernier épisode, le futur s'ouvre pour certains (Richie, Rosie et Gary, Manolis, Harry et Sandy, Connie) mais semble plus qu'incertain pour d'autres (Hector et Aïsha, Anouk).

La réalisation est sobre et nous amène au coeur des émotions et des doutes de chaque personnage, tous superbement interprétés par des acteurs pour la plupart assez peu connus internationalement : la plus connue est probablement Melissa George (Alias, Grey's anatomy, Lie to me, En analyse), mais aussi dans une moindre mesure Jonathan LaPaglia (Cold case, certes moins connu que son grand frère Anthony) et Essie Davis (Miss Fisher's murder mysteries). Enfin, mention spéciale au générique de début, très réussi tant par l'image que la musique. Sobre et élégant. Parfait.

Bref cette série agit comme un wake up call pour chacun même si, au final, pas grand monde se remet profondément en question mais chacun sait maintenant ce que les autres pensent de lui/elle. En ça, leur vie ne sera plus jamais pareille.
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vendredi 27 septembre 2013

La dame de la mer

Genre: naufrage (note: 0/****)


Pièce d'Henrik Ibsen, adaptation d'Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Jean-Romain Vespérini
Avec Anne Brochet, Jacques Weber, Jean-Claude Durand, Ninon Brétécher, Chloé Chaudoye, Laurent Fernandez, Jean-François Lapalue et Antoine Quintard.

J'y allais pleine d'enthousiasme... Jacques Weber et Anne Brochet, quelle belle affiche. Pourtant, dès les premières minutes, ça ne le fait pas. Ils jouent faux. En fait, ils ne jouent pas, ils récitent et tout le problème est là.

Jacques Weber a bien 20 kilos de trop, il se déplace difficilement, sue beaucoup, s'essouffle à la moindre tirade de plus d'une phrase. Je me suis demandée tout au début si c'était fait exprès, si le rôle le commandait. Je ne crois pas. J'ai bien cru, pendant toute la pièce, qu'il allait finir comme Molière... Et quand il est venu saluer à la fin, il faisait une gueule de trois pans de long. Clairement il n'était pas dedans et peut-être que lui-même s'en est rendu compte, d'où sa tête au moment des bravos (discrets).

A sa décharge, il n'est pas très aidé par une mise en scène qui manque cruellement de créativité (à part bouger d'un côté à l'autre de la scène, il n'y a pas grand chose), ni par Anne Brochet. Elle délivre un jeu mécanique, butte sur les mots, semble chercher sa place sur scène maladroitement (de nouveau : que fait le metteur en scène ?). Ou peut-être est-ce l'adaptation d'Eric-Emmanuel Schmitt qui manque de fluidité.

Le fait est que les seconds rôles s'en sortent mieux, à commencer par Ninon Brétécher et Chloé Chaudoye qui jouent les filles de Jacques Weber, issues de son premier mariage, et dont la mère est morte. Chloé Chaudoye a un petit côté Audrey Tautou dans le phrasé qui n'est pas désabréable.

Dans l'ensemble ce fut une déception. J'ai bien cru que j'allais m'endormir à plusieurs reprises. Et même si le message est beau (ce n'est qu'une fois réellement libre que l'on peut choisir son destin), la pièce est décevante. Ils n'en sont qu'au début des représentations, peut-être que ça ira mieux une fois qu'ils seront tous bien rodés.
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vendredi 30 août 2013

Critique du film "Insaisissables" (Now you see me)

Genre: Peekaboo (note: **/****)


Réal. Louis Leterrier
Avec Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Isla Fisher, Dave Franco, Mélanie Laurent, Morgan Freeman et Michael Caine (et une apparition de José Garcia !)

Quatre Houdinis charismatiques, repérés séparément et réunis par un personnage mystérieux encapuché, montent une série de spectacles de magie pharaoniques au cours desquels ils commettent des braquages dont ils reversent instantanément l'argent à leur public. Le FBI et Interpol mènent l'enquête.

Tourné à 100 à l'heure, pas le temps de s'ennuyer durant les 2h04 que dure ce film. Les scènes de magie sont bien fichues, l'histoire est passablement capilotractée mais qu'importe : on est là pour en avoir plein les mirettes et accessoirement chercher à deviner qui tire les ficelles, rien d'autre. Et on n'est pas déçus.

Personnellement j'ai beaucoup de mal avec Mélanie Laurent et je ne suis pas très fan d'Isla Fisher (c'est le deuxième film que je vois avec elle cette semaine...). Sinon, je suis toujours contente de retrouver Woody Harrelson et Mark Ruffalo. Ici, la cerise sur le pancake c'est la présence des vieux briscards Michael Caine et Morgan Freeman. D'ailleurs je me demande si Michael Caine a fait quelque chose à ses dents car il parle très bizarrement depuis quelques films... Mais je m'égarre.

Bref, une bonne grosse machine à feux d'artifice qui pétarrade de tous les côtés mais se laisse voir avec un plaisir non-dissimulé de gamin dans un parc d'attractions géant.
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Critique du film "Gatsby le magnifique"

Genre: all that Baz (note: **/****)


Réal. Baz Luhrman
Avec Leonardo Di Caprio, Tobey Maguire, Carey Mulligan, Isla Fisher, Joel Edgerton, Elizabeth Debicki, etc.

Ce qui a de bien avec les films de Baz Luhrman c'est que dès les premières scènes on sait tout de suite que c'est lui. Il a un vrai style de mise en scène et surtout de mise en images : les couleurs pètent, la caméra virevolte, la musique nous crève les tympans, les acteurs surjouent et l'action est épileptique. Mais il se dégage toujours de ses films une extrême poésie, un supplément d'âme, un truc en plus. Gatsby n'échappe pas à la règle.

Tout comme pour "Moulin Rouge", il faut d'abord survivre à 45 minutes de bruit et de fureur avant de faire la connaissance de Gatsby. J'avais gardé en mémoire quelques scènes du film de 1974 avec Robert Redford et Mia Farrow et mon souvenir était celui d'un film empreint d'une grande nostalgie, d'une certaine mélancolie même, filmé sobrement. Je suis d'ailleurs allée visiter la demeure où le film avait été tourné à Newport, Rhode Island. Rien à voir avec le manoir du Gatsby de Baz Luhrman, dont l'extérieur est tout en images de synthèse, ce qui lui permet les plus grandes extravagances sans que ne s'imposent les limitations du réel. En 1974, il fallait faire avec la réalité. 40 ans plus tard, qui s'en soucie ?

Luhrman nous invite donc aux fêtes démesurées (dans tous les sens du terme) de J. Gatsby, un homme secret, que peu de gens ont déjà rencontré mais sur qui les rumeurs les plus folles vont bon train : d'où vient sa fortune ? a-t-il vraiment tué un homme un jour ? Chacun se fait son opinion avant de découvrir enfin l'énigmatique Gatsby, Leonardo dans toute sa splendeur. A côté de lui tous les autres font pâle figure, à commencer par Tobey Maguire qui n'a jamais eu un charisme foudroyant mais ça se voit encore plus ici. Carey Mulligan a le physique éthéré (fade ?) qui va au personnage, elle dégage cette vulnérabilité qui contraste avec le côté brut de décoffrage de Joël Edgerton, qui joue son mari, le seul dans ce film à tenir la distance face à Leo.

Les costumes sont d'une beauté à tomber, la musique est discutable vu que Jay Z (avec ou sans trait d'union) n'a jamais été ma tasse de thé et les décors sont, comment dire... irréels.

Baz Luhrman orchestre tout ça de main de maître et le film se laisse voir avec un certain plaisir et parfois même une grande émotion car le réalisateur australien n'a pas son pareil pour filmer l'émoi vertigineux d'un coup de foudre entre un homme et une femme, qu'il ait été écrit par Shakespeare ou par F. Scott Fitzgerald.
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jeudi 20 juin 2013

Miss Fisher's murder mysteries

Genre: Wooap doowooap ! (note **/****)


Série australienne (2012)
Scénariste principale: Kerry Greenwood
Avec: Essie Davis, Nathan Page, Hugo Johnstone-Burt, Ashleigh Cummings, Richard Bligh, Ruby Rees Wemyss, etc.

En Australie, dans les années 20, une jeune femme bourgeoise et riche, se lance dans une carrière de détective. Ce faisant, elle se retrouve très souvent dans les pattes de l'inspecteur de police Jack Robinson.

On ne peut pas dire que la réalisation soit renversante d'originalité. Elle est plutôt classique et parfois un brin fade et ennuyeuse. Ce qui ne l'est pas par contre, c'est la personnalité du personnage principal, Phryne (prononcer Franny) Fisher.  Toilettes superbes et impeccables (bravo à l'habilleuse, Marion Boyce), carré lisse parfait, maintien et bonnes manières, un mini-revolver en or délicatement glissé dans sa jaretelle, féministe au caractère bien trempé, elle n'hésite pas à mouiller la chemise et salir ses ongles manucurés pour amener les coupables devant la justice.

Les seconds rôles sont mignons comme tout : de sa dame de compagnie amoureuse de l'adjoint de l'inspecteur, à l'inspecteur et son adjoint eux-mêmes, en passant par le majordome de Miss Fisher et sa fille adoptive, tous trouvent leur juste place dans ses histoires un peu superficielles (parfois un peu toc) mais qui se laissent regarder avec un plaisir démodé comme une tasse de thé avec soucoupe.

Pas de violence, d'hémoglobine ou d'artillerie lourde ici. Aucune vulgarité non plus. Simplement de l'élégance, de la tenue, du chic. Une époque révolue et démodée de l'entre deux guerres, où les femmes étaient au foyer et les hommes galants.
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mercredi 19 juin 2013

Critique de la série "Castle" (saisons 1 à 5)

Genre: Heat waves (note: **/****)


Créée par Andrew W. Marlowe
Avec Nathan Fillion, Stana Katic, Molly Quinn, Jon Huertas, Seamus Dever, Tamal Jones, Ruben Santiago-Hudson, Penny Johnson et Susan Sullivan

Lorsque la série a démarré en 2009, le postulat de départ était singulier et plutôt intéressant : un criminel mettait en scène ses crimes d'après les best-sellers d'un auteur de romans policiers à succès, Richard (Rick) Castle. L'inspectrice de police en charge de l'affaire (Kate Beckett) se rapproche donc de l'écrivain afin de mieux comprendre le criminel et de fil en aiguilles, grâce à son amitié avec le maire, Castle finit par s'imposer comme consultant auprès de Kate et son équipe pour nourrir l'écriture de ses prochains livres.  Et bien sûr même si, au début, la collaboration est un peu laborieuse, Kate considérant Castle comme un poids, le charme finit par opérer, une alchimie se crée entre les deux et leur histoire d'amour platonique se concrétise à la fin de la saison 4.

La saison 1 se laisse suivre gentiment et comme il n'y a que dix épisodes, on en redemande et la chaîne ABC reconduit la série pour une deuxième saison, de mon point de vue un peu en-dessous de la première. C'est la raison pour laquelle j'ai arrêté de regarder au cours de cette saison. Et puis, me rendant compte que les saisons s'enchaînaient, je me suis dit qu'il fallait peut-être se réintéresser au sujet.  L'été dernier, pendant les vacances, je me suis donc fait un marathon de rattrapage Castle de la saison 2 à la saison 4 incluse. Et je dois dire que j'ai finalement été emballée.

Les enquêtes criminelles, sauf exception relativement simples, sont néanmoins de mieux en mieux écrites, les seconds rôles (Esposito, Ryan et Lanie) se sont étoffés et ne sont pas cantonnés à jouer les faire-valoir, et les relations entre Castle et sa mère et/ou sa fille sont restées formidables depuis le début jusqu'à maintenant. Susan Sullivan est tout simplement géniale en séxa sexy, un tantinet excentrique sur les bords mais qui sait donner le conseil qu'il faut et analyser le plus sérieusement du monde une situation difficile pour son fils (qu'elle adore et qui le lui rend bien) alors qu'on la croyait tout juste bonne à porter le boa rose fluo et boire des martinis en toute insouciance. Molly Quinn est une perle de bon sens et de maturité pour son grand gamin de père et leur relation est très mimi.

"Castle" a réussi là où "Clair de Lune" avait échoué : la série parvient à se renouveler de saison en saison, ayant surtout réussi l'exploit d'incorporer l'histoire d'amour de ses deux personnages principaux sans sacrifier ni la qualité d'écriture des enquêtes, ni les seconds rôles.

A priori, ABC a validé une sixième saison à la rentrée et, vu le cliffhanger, du dernier épisode de la saison 5, j'ai hâte de voir ça. Rendez-vous de l'autre côté de l'été !
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jeudi 13 juin 2013

Metro culture

Vu sur une petite affiche dans le métro :

"On a deux vies, et la deuxième commence le jour où l'on se rend compte qu'on en n'a qu'une"
 
- Confucius
 
C'est tellement vrai...
 
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lundi 10 juin 2013

Critique du film "W.E."

Genre: I am because WE are (note: **/****)


Réal. Madonna
Avec Andrea Riseborough, Abbie Cornish, Oscar Isaac, James d'Arcy, David Harbour, James Fox, etc.

Peut-être parce que je ne m'attendais pas à grand chose, j'avoue avoir été agréablement surprise par ce film. La réalisation est très maîtrisée mais pour autant parfois maladroite (trop de très gros plans volontairement mal cadrés qui finissent par donner le tournis). Le casting est parfait, avec mention spéciale à Andrea Riseborough qui est Wallis Simpson, certes particulièrement bien aidée par le maquillage, la coiffure et les costumes tout simplement sublimes.

Les deux histoires en parallèle, celle de Wallis et Edward en Europe dans les années 30 d'un côté, et celle de Wally Winthrop de nos jours à New York de l'autre, se fondent et se confondent presque. Il règne dans ce film une sorte de sérénité.

Que Madonna ait été fascinée par l'histoire d'amour de Wallis et Edward au point d'en faire un film n'est au fond pas très surprenant : la madone n'étant jamais la dernière pour mettre en avant un scandale (et c'en fut un à l'époque) et s'en réjouir. Elle ne s'attarde pas sur les rumeurs de pro-nazisme et autres aspects plus historiques de l'Histoire, se concentrant exclusivement sur cet Amour avec un grand A qui a fait vaciller un temps la couronne britannique.

On pourra noter au passage que, décidément, les Princes de Galles ont la fâcheuse habitude de faire beaucoup de vagues dans l'opinion et la monarchie avant de trouver enfin un équilibre de coeur : en 1936, Edward VIII, Prince de Galles avant d'être roi, a dû renoncer au trône pour pouvoir épouser celle qu'il aimait; en 1981, Charles Windsor, Prince de Galles lui aussi, a dû faire un mariage sans amour avant de pouvoir épouser celle qu'il aimait, Camilla, près de 25 ans plus tard.
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Let's agree to disagree on "The Four Agreements"

Après les chroniques délirantes et déjantées de Nicolas Bedos, le matin dans le bus je suis passée à la lecture d'un livre de "développement personnel" comme on dit, intitulé "the four agreements" de Don Miguel Ruiz.

J'avoue que je suis globalement assez fan de ce genre de bouquins. Même si tout n'est pas bon à prendre, on apprend des choses, on relativise, on déculpabilise, on se fait du bien quoi.

Ici, Miguel Ruiz nous dit grosso-modo qu'il y a quatre "accords" / axes sur lesquels on peut faire tourner notre vie comme sur des rails :

1. utiliser les mots de façon impeccable, positive, sans dire de mal des autres ou de soi-même
2. ne rien prendre personnellement
3. ne pas faire de suppositions
4. toujours faire de son mieux

Le but avoué et même écrit en quatrième de couverture est de nous libérer de tous les carcans de notre vie moderne, ceux que les autres nous infligent mais aussi (et surtout) ceux que l'on s'inflige à soi-même. Si je les prends un par un, certains accords ne font pas tous beaucoup de sens pour vivre ensemble, en société.

Si je prends le premier accord, certes l'idéal serait de ne jamais dire de choses négatives, jamais de reproches, jamais dire du mal mais c'est impossible. Parce que nous sommes des êtres faits de chair, de sang, de sentiments, d'émotions. Par contre, on peut choisir de formuler des reproches différemment, positivement. Une formatrice RH avait dit un jour dans un séminaire sur la communication : "Si vous dites quelque chose à quelqu'un en hurlant sous le coup d'une immense colère, seule la colère passera mais pas le message". C'est vrai et je m'en suis toujours souvenu. Mais on peut dire les choses telles qu'on les pense, porter un jugement, notre jugement et ça, personne n'a le droit de nous en empêcher dans la seule limite de ne pas faire du mal gratuitement.

Le deuxième accord me semble assez hallucinant, pour une raison bien simple : ne rien prendre personnellement reviendrait à se dédouaner de tout, ne s'estimer responsable de rien et ça ce n'est pas acceptable. Il faut justement prendre ses responsabilités, accepter les conséquences de ses choix, de ses actes et savoir que tout être et toute chose étant interconnectés nous devons prendre ce qui nous arrive et ce que l'on fait personnellement justement si on veut arriver à quelque chose dans la vie. J'avoue avoir été très perplexe de cet accord...

Sur les deux derniers par contre, je suis tout à fait d'accord. Il ne faut jamais faire de suppositions à l'avance sur quoi que ce soit, encore moins sur qui que ce soit. Exemple très simple: imaginez que vous êtes dans le métro. Dans le même wagon que vous, un père et ses deux jeunes enfants. Les gamins font les 400 coups dans le wagon, crient, se courrent après, bousculent les gens sur leur passage sans s'excuser, en un mot (poli) : dérangent tout le monde. Le père reste immobile sur son siège sans rien faire. Un passager s'approche alors et lui dit que le comportement de ses gamins est inacceptable et que le sien aussi de ne rien faire pour qu'ils se calment. Le père répond alors d'une voix d'outre-tombe "Nous revenons de l'hôpital où leur mère vient de mourir. Je ne sais pas comment gérer cette situation et je crois bien qu'eux non plus"... D'un seul coup, on jette un oeil (et un jugement) très différent sur la situation.  Je ne dis pas qu'il faut tout laisser faire et tout accepter sous prétexte qu'on ne sait jamais, les autres peuvent avoir de bonnes raisons d'agir comme ils le font. Non. Je dis simplement qu'avant de juger trop durement, on peut faire preuve de bienveillance et ne pas s'agacer, s'énerver ou carrément devenir violent avant même d'avoir eu de réelles bonnes raisons de le faire.

Quand au dernier accord, il tombe sous le sens pour moi. Toujours faire de son mieux et surtout toujours attendre de soi-même de donner le meilleur. Sachant que ce meilleur ne sera pas le même pour tout le monde : ça s'appelle l'équité. Ceux qui peuvent plus feront plus et ceux qui peuvent moins feront moins. Ce que j'estime moi être le meilleur, ne le sera peut-être pas pour mon voisin, mes parents, mon conjoint. Alors il ne faut jamais faire de supposition sur le meilleur de chacun mais simplement donner le meilleur de soi-même sans rien attendre en retour sinon sa propre satisfaction d'avoir fait de son mieux.

Mais bon, globalement, tout ceci n'est pas gagné...






mercredi 15 mai 2013

Prosper & Museau

Je l'ai souvent dit (et pas plus tard que dans mon post précédent) mais la maîtrise virtuose de la langue française est, de nos jours, aussi rare qu'admirable.

Voilà pourquoi j'avoue que je me régale de lire, regarder ou écouter deux jeunes plumes actuelles : Nicolas Bedos et Matthieu Noël. Oui, je sais le premier est un poil trop vulgaire parfois (c'est vrai) et le deuxième parle à toute vitesse comme s'il avait peur qu'on l'arrête avant la fin. Mais à part ça, franchement, ils ont un beau brin de talent ces deux-là.

On aime ou on aime pas, chacun ses mauvais goûts, mais on ne peut pas leur enlever un style, une utilisation parfaite des adjectifs et adverbes, et une tendance à faire des phrases tarabiscotées souvent très longues mais au final hilarantes. Personnellement, il m'est arrivé d'en avoir mal aux côtes de rire en les écoutant.

Mention spéciale à la semaine mythomane de Nicolas Bedos face à son père Guy chez FOG. Un petit bijou. Depuis, j'ai acheté son bouquin "Journal d'un Mythomane" que je lis dans le bus matin et soir, en pouffant le plus discrètement possible, sans toujours y parvenir, sous le regard interloqué des passagers m'avoisinnant, qui passe alors instantanément de mon visage à mes mains pour voir quel est donc ce livre si tordant.

Bref, je les adore.
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lundi 22 avril 2013

Question de vocabulaire

De nos jours, j'ai l'impression qu'une vaste majorité de la race humaine a éradiqué deux mots de son vocabulaire : bienveillance et excellence.

La bienveillance... Qui en fait encore preuve ces temps-ci sans prendre le risque de passer pour un ringard (au mieux), un faible (au pire). Pourtant c'est quoi la bienveillance ? Garder l'esprit ouvert et ne pas être empli de préjugés négatifs et d'a priori vindicatifs, ne pas prêter des intentions malhonnêtes ou intéressées ou mauvaises à d'autres sous prétexte que leurs actions ne vont pas dans notre sens.  Toujours laisser le bénéfice du doute. Se lever dans le bus pour une femme enceinte ou une personne âgée. Dire bonjour, s'il vous plaît, merci et au revoir. Dire bonjour même à ceux qui dorment dans un carton ou font la manche aux portes de nos supermarchés, même si on n'a pas de monnaie à leur donner, même si on est gênés, agacés parfois, de les voir.  Etre bienveillant c'est faire cas des autres, ceux que l'on ne connaît pas (un peu) mais aussi et surtout ceux que l'on connaît (beaucoup). C'est ne pas blesser volontairement ou par omission, ou parce qu'on n'a pas réfléchi. C'est se mettre à la place de l'autre et se demander : qu'est-ce que j'aurais fait moi ? Comment j'aurais voulu être traité moi ? Est-ce que ça me ferait de la peine à moi ?

Se comporter avec bienveillance c'est l'inverse de ce qu'a fait cette femme hier, au parc Montsouris, quand je lui ai demandé si la chaise où elle avait soigneusement posé son sac et son manteau était libre (elle l'était clairement) et qu'elle m'a répondu : non. Nous étions quatre adultes et trois enfants de moins de 3 ans avec seulement deux chaises de libres. Et ça la faisait chier (non, je n'utiliserai pas d'autre mot) de nous céder sa chaise inoccupée autre que par ses petites affaires personnelles. Et elle ne s'est pas contentée de me dire non, elle a bien regardé notre petit groupe, bien vu les enfants, m'a bien regardée et avec la bouche de travers et l'oeil noir m'a dit "on attend quelqu'un". Car elle n'était pas seule, ils étaient trois et aucun des deux autres ne l'a contredite.  Inutile de dire que la personne soi-disant attendue n'est jamais venue et que le sac et le manteau ont bien profité du soleil gentiment installés sur une chaise...

L'excellence... Ah, parlons-en ! Surtout ne pas prononcer ce mot comme un encouragement (e.g. "il faut tendre vers l'excellence") car on pourrait nous reprocher une forme de discrimination négative, de volonté de rabaisser l'autre, voire même de harcèlement. L'excellence est quasiment une grossièreté de nos jours. Plus personne n'ose conseiller l'excellence. Les enfants sont de plus en plus souvent en échec scolaire ? On parle de supprimer les notes (pratique pour juger du niveau), de bannir le redoublement, de baisser le niveau des cours. On croit rêver ! On encourage la médiocrité à grands coups de "Allô ?! Non mais allô quoi !!". Aujourd'hui travailler dur pour y arriver, viser l'excellence, du vocabulaire par exemple, est obsolète, voire tabou.  Pourtant tendre vers l'excellence est une des clés du succès. Pas du succès en espèces sonnantes et trébuchantes, non, de la réussite dans le sens premier du terme : réussir sa vie, réussir à être soi-même, réussir à changer les choses.

Le manque d'excellence du langage par exemple est sans doute le plus symptomatique. Combien de jeunes savent encore parler, ou mieux : écrire, un français correct ? MDR! C koi ce kiff  ??  Les Molière, Pagnol, Guitry et consors doivent s'en retourner dans leur tombe. Certes le français est une langue vivante (et donc qui évolue avec son temps) et on peut très bien incorporer ce nouveau vocabulaire sans faire de grumeau dans la pâte mais avant celui-là ne faut-il pas maîtriser la base ? Je suis entourée de jeunes gens qui ont tous bac+5 et plus et qui ne savent pas écrire trois lignes sans une faute d'orthographe, d'accord ou de temps tous les deux mots et qui n'ont pas plus de 50 mots de vocabulaire. Pathétique. D'autant plus pathétique que je suis persuadée, et je l'ai toujours été, que la maîtrise du langage, le style, le vocabulaire fait toute la différence et peut changer le monde. On peut faire changer quelqu'un d'avis avec des mots, on peut faire rire, pleurer, aimer, déclencher des haines et des guerres, apaiser des conflits, se réconcilier, on peut s'excuser, pardonner, consoler, complimenter, donner confiance ou blesser. Les mêmes mots, dans un ordre différent, changent tout. L'excellence du langage est fondamentale : ne pas employer un mot à la place d'un autre, être précis dans ce que l'on dit pour être le plus fidèle possible à sa pensée, être érudit. Pour moi la journaliste Natacha Polony maîtrise la langue française d'une façon remarquable et dans le PAF ou la PEF (presse écrite française), c'est rafraîchissant, c'est délectable, c'est rare et c'est dommage.

Bienveillance et Excellence sont clairement, hélas, au plus bas dans les sondages ces temps-ci. It's our loss, comme on dit en anglais. Je serais tentée de rajouter and our demise. En français, quelle aubaine, on n'a qu'une seule expression pour dire les deux : c'est notre perte.

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jeudi 18 avril 2013

Critique de la pièce "Letter to Larry"

Between the devil and the deep blue sea...


Elle apparaît sur scène telle Odile le cygne noir, brindille maigrissime vêtue d'une robe-tutu long noire, juchée sur une table. Au bord du gouffre. Et dès la première phrase qu'elle dit, elle n'est plus Susie Lindeman, elle EST Vivien Leigh. Cette façon de parler si enfantine, traînant sur certaines syllabes, un souffle parfois, puis un rugissement. Les gestes sont parfaits aussi, le maquillage, ses grands yeux verts ourlés d'un noir de jais, de grandes et fines mains qu'elle agite avec élégance.

La scène se passe en 1960 : alors que Vivien Leigh joue au théâtre, elle reçoit une lettre de son mari, Sir Laurence Olivier (Larry pour les intimes), dont elle est séparée depuis un certain temps, qui lui demande le divorce. Il a refait sa vie avec une autre, qu'il veut épouser. Il veut mettre un terme à un couple mythique : Sir Laurence and Lady Olivier. Alors Vivian Mary Hartley voit sa vie défiler devant ses yeux et sous les nôtres ébahis, car ce divorce sera sa première mort.

La petite salle du théâtre de Nesle est parfaite pour ce huis-clos, ce one-woman monologue, ces mémoires d'outre-tombe. Quelques rangées de sièges noirs, pas plus, comme des bancs, pas très confortables, une scène minuscule figurant à la fois une loge de théâtre et une falaise au bord de l'océan à l'aide d'une simple table noire collée contre un mur aux pierres apparentes et rugueuses. Maintes fois Susie/Vivien grimpera sur la table, vertigineuse, se jettera contre les pierres, se drapera dans son tutu noir, dans sa folie. Les larmes coulent le long de ses joues, au fil de sa vie, faisant baver son mascara.

Une vie riche, pleine de bonheurs et un drame, berceau de tous les autres : Vivien est tuberculeuse. Cette maladie la rend folle, elle devient maniaco-dépressive, bipolaire, nymphomane, folle à lier (Blanche Dubois, c'était elle dans la vraie vie). On la soigne à coups d'électrochocs (rendus sur scène par un bruit effrayant). Pourtant elle avait été heureuse, jadis.

La mise en scène est créative, pleine d'originalité (les confettis dorés qui tombent du plafond) et sert à merveille un texte intense, sublime, porté par une actrice habitée. La scène où Vivien Leigh revoit Laurence Olivier pour la première fois après leur divorce, dans un restaurant, en présence de Joan Plowright sa nouvelle femme, est un crève-coeur. Pourtant il n'y a que Susie Lindeman sur scène, personne d'autre, mais dans ses yeux, tout est là.

Une incroyable performance, tout à fait à la hauteur de cette actrice sublime que fut Vivien Leigh.

"Letter to Larry" de Donald MacDonald (pièce en anglais)
Mise en scène de Wayne Harrison, avec Susie Lindeman
Théâtre de Nesle - 8 rue de Nesle - Paris 6 jusqu'au 20 avril 2013

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mercredi 17 avril 2013

Critique du film "Elle s'appelait Sarah"

Genre: In memoriam (note: ***/****)


Réal. Gilles Paquet-Brenner (2010)
Avec Kristin Scott-Thomas, Mélusine Mayance, Niels Arestrup, Frédéric Pierrot, Michel Duchaussoy, Dominique Frot, Aidan Quinn, Gisèle Casadesus et Paul Mercier.

Je n'étais pas allée voir ce film à sa sortie, je ne me souviens plus pourquoi... Peut-être un énervement passager contre Kristin Scott-Thomas, croisée dans un TGV Avignon-Paris l'été d'avant et que j'avais trouvée particulièrement hautaine et désagréable sans même lui avoir parlé. Bref.

Dimanche soir sur France 2 fut l'occasion de me rattraper. Et maintenant que je suis devant mon clavier, je me dis que ça va être compliqué de traduire avec des mots toutes les émotions que j'ai ressenties en regardant ce film. Emotion de maman d'abord, insoutenable, devant ces enfants petits et grands que l'on parque comme des animaux parce qu'ils ont eu la "mauvaise idée" de naître juifs ; Emotion d'espoir stupide pour ce petit garçon tellement beau, tellement innocent, tellement impuissant, tellement à la merci des grands, des plus grands ; Emotion de française ensuite, mitigée, devant les comportements de mes compatriotes certains collabos et d'autres courageux et le "qu'est-ce que j'aurais fait moi ?" toujours, bien sûr, qui s'insinue ; Emotion de cinéphile enfin, sur le dernier mot du film qui me fait de nouveau monter les larmes aux yeux tandis que j'écris ces lignes...

"Elle s'appelait Sarah" est un beau film, tout en pathos retenu (sans doute grâce au jeu sobre de Kristin Scott-Thomas) mais empreint d'une immense culpabilité : celle de Sarah d'avoir pris la mauvaise décision un jour où elle n'avait qu'une dizaine d'années, une décision qu'elle ne se pardonne pas mais qui l'obsède et qui, comble du funeste, lui avait sauvé la vie. Une double culpabilité dont elle ne se remettra jamais.

Un beau film dont on ne sort pas complètement indemne.




Critique du film "Un bonheur n'arrive jamais seul"

Genre: comédie romantique (note: */****)

Réal. James Huth
Avec: Sophie Marceau, Gad Elmaleh, Maurice Barthélémy, François Berléand, Macha Méryl et les enfants Miléna Chiron, Thimothé Gauron et Timéo Leloup.

Classique comédie romantique : un bobo, fêtard, sans attache, sans horaire, sans mémoire pour les prénoms des bimbos tout juste pubères qu'il se tape à la chaîne et sans lendemain, dont le métier est de vaguement composer des musiques de pub rencontre une femme de son âge, belle, deux fois divorcée avec bagages (trois enfants) et très maladroite. Il leur faudra évidemment 1h35 de film avant de comprendre qu'ils sont faits l'un pour l'autre.

C'est du déjà vu, revu, rerevu, mais comme on aime bien Gad et Sophie, et comme ils sont d'un naturel sidérant, on marche.  François Berléand est très bien comme (presque) toujours, Maurice Barthélémy est (presque) supportable. Mention spéciale aux enfants et en particulier à Timéo Leloup, le petit dernier, dans une scène purement hilarante où Gad Elmaleh tente de le transporter du lit de Sophie Marceau, où le gamin s'est endormi, à son lit sans le réveiller.

Un film sympa, vite vu vite oublié.
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vendredi 29 mars 2013

Où sont les femmes ?

Honnêtement quand je feuillette les pages mode des magazines, que ce soit Vogue, Madame Figaro, Harper's Bazaar ; surfe sur les sites de référence genre The Sartorialist et consors ; ou encore quand je vois les designers en vogue à la Isabelle Marant et Vanessa Bruno je me dis mais où est le chic, où est l'élégance, où est la beauté ? Où est la femme ?

On ne voit que des sacs, des espèces de serpillières sans forme, sans tenue, des matières certes parfois sublimes sur des filles avachies, contorsionnées, maigres comme des clous, blanches comme du plâtre et qui, en prime, font la gueule . Certes à l'heure actuelle il faut se démarquer. Evidemment avec l'historique que l'on a, avec tout ce qui a déjà été fait dans la mode, entre les Dior, Chanel, Givenchy, Saint Laurent et autres dinosaures qui ont donné le la de l'éternel féminin et qui ont véritablement sublimé les femmes, comment se démarquer sinon en sublimant le nouveau n'importe quoi ?

Dieu merci (enfin, c'est rhétorique... je ne suis pas sûre que Dieu ait grand chose à voir dans tout ça), il nous reste encore quelques icônes et égéries, de toutes tranches d'âge, de toutes nationalités, pour relever le niveau. En voici une liste, volontairement exhaustive et qui, bien sûr, n'engage que moi.

Les flops
Kate Moss
Lady Gaga
Sarah Jessica Parker
Beyoncé
Drew Barrymore
Kristen Stewart
Kim Kardashian & co
Rihanna
Lady Gaga
Madonna
Halle Berry
Monica Bellucci
Anna Dello Russo (un peu too much, eh oui...)
Toutes les actrices françaises aux César

Les tops
Lee Radziwill
Jacqueline Bouvier Kennedy Onassis
Victoria Beckham (post 2008)
Letizia d'Espagne
Rania de Jordanie
Nicole Kidman
Catherine Middleton
Audrey Hepburn
Zoe Saldana
Caroline de Monaco
Inès de la Fressange
Viviana Volpicella (même s'il y a quelques loupés par-ci par-là...)
Costanza Pascolato (la même classe que Lee Radziwill, même génération aussi)

Alors, c'est sûr, chacun ses mauvais goûts. L'élégance, le chic, la classe ne sont pas une question de budget, d'âge ou de nationalité, c'est une attitude, un instinct, un apprentissage. C'est un langage. Et chacun ne maîtrise pas ce langage avec la même maestria...

Comme disait Coco Chanel "si la robe est voyante on ne verra que la robe, si la robe est parfaite on ne verra que la femme".
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samedi 23 mars 2013

23 mars 1993

A long long time ago, I can still remember…

The broken girl that I was, the hotel in Paris where I spent the night, the plane that I took, the big man who picked me up at Logan, the ride to Chelmsford, the first meeting with the boys and their mom.

20 years ago this day, the first day of the rest of my life.

They made me a better person, they made me who I am today, they changed me forever and for that, I'll always be grateful.
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mercredi 13 mars 2013

Money, Money, Money !

Quand j'entends Michael Bloomberg dire à Charlie Rose qu'au-delà d'un certain chiffre, on n'a pas besoin d'autant d'argent parce que de toutes façons "you can only sleep in one bed at a time"; quand je vois Arianna Huffington dire à Amanda de Cadenet que l'important ce n'est pas de faire du business pour gagner beaucoup d'argent, "the important thing is how you do business"; quand j'écoute Bill Maher et ses invités, ou Claire Nouvian, quand je vois au JT tous ces emplois qu'on envoie de l'autre côté de la planète pour que nos entreprises soient toujours plus rentables, pour que les actionnaires perçoivent toujours plus de dividendes, je me dis que vraiment mon pays marche sur la tête. Il n'est pas le seul.

Le fossé se creuse entre les très riches et la classe moyenne, celle sur qui tout repose, la seule qui reste à pomper car pas "assez pauvre" pour ne pas payer d'impôt mais pas assez riche pour s'évader fiscalement. Quand on aura privé d'emploi (et donc de revenus) tous les gens qui vivent dans ce pays, quand nos entreprises auront bien engraissé toute cette main d'oeuvre étrangère à bas prix, qui restera-t-il pour acheter local ? Tout est made in China, Bangladesh, India. Même les sacs Vuitton sont made in Spain !! Les souliers Louboutin sont fabriqués en Italie (et sous-traités aux chinois sur place via la mafia ? Chi sa...). Il faut une volonté de fer et beaucoup de chance pour trouver encore des produits made in France. Les légos que j'ai achetés à mon fils, ô surprise, sont fabriqués ici ! Moi je veux bien acheter français mais on ne fabrique plus rien.

Au plus je regarde nos politiques, de gauche comme de droite car bonnet blanc et blanc bonnet, bons qu'à se critiquer les uns les autres au fil des alternances, au plus je me dis qu'ils sont vraiment déconnectés de la réalité (et accessoirement qu'ils feraient bien d'aller s'acheter une paire de cojones). On se regarde le nombril et on ne pense qu'à l'argent.

Et moi je pense à ce proverbe amérindien qui dit que "quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson pêché, alors vous vous aperçevrez que l'argent ne se mange pas".
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mercredi 6 mars 2013

Luther King (of London)

C'est une armoire à glace, un grand black, barraqué, mal rasé, mal fagoté, le dos courbé et les mains dans les poches, toujours vêtu d'un immense manteau gris foncé. Il est flic on dirait un voyou. Dans le premier épisode de la première saison, dès la première scène on comprend que ce flic a des méthodes bien à lui et discutables.

On ne peut pas dire que "Luther" (série britannique avec Idris Elba dans le rôle titre) soit une super série. C'est une série décalée, ce côté étant encore accentué davantage par le doublage français franchement pas terrible. Les histoires sont souvent perclues d'invraisemblances, la réalisation laisse parfois à désirer, les acteurs semblent pour la plupart avoir deux de tension quand ils ne surjouent pas, les histoires parallèles tombent comme un cheveu sur la soupe, certains personnages (l'inspecteur Reed dans la saison 1 par exemple) changent brusquement de trajectoire sans qu'on nous explique le pourquoi du comment.

Alors, me direz-vous, pourquoi regarder ?

Principalement parce qu'Idris Elba a un charisme phénoménal. Il dégage véritablement quelque chose, a une aura, une sorte de magnétisme qui donne envie de regarder encore. Certaines histoires sont également fascinantes, plus particulièrement dans la saison 2 et ce dès les deux premiers épisodes avec ce tueur en série qui tue au hasard affublé d'un masque à la "V comme Vendetta". La fin du premier épisode, pleine de suspense, nous laisse à nous ronger les ongles au bord de notre siège. A suivre...

Les deux épisodes suivants ne sont pas mal non plus, la scène d'ouverture de l'épisode 3 qui se passe dans une station service étant particulièrement réussie. On a de nouveau affaire à un tueur en série qui joue le sort de ses victimes... aux dés ! Malheureusement l'histoire parallèle de la jeune fille que Luther tire des griffes de son mac n'a ni queue ni tête et on ne comprend absolument pas pourquoi Luther se met dans tout ce pétrin pour elle mais... ça fait partie du charme de la série et de l'attachement au personnage de Luther.

Et je sais déjà que, s'il y a une saison 3, je serai fidèle au poste de télé.

"Luther" - Série GB - 2010 (note: **/****)
Créateur: Neil Cross
Avec Idris Elba, Ruth Wilson, Warren Brown, Dermot Crowley, Michael Smiley, Paul McGann, Indira Varma, etc.



mercredi 27 février 2013

"Fifty shades of Grey" ou la douleur exquise

Après lecture des dix premières pages (des dix premières lignes, devrais-je dire...) du livre "Fifty shades of Grey", on n'a qu'une envie : le refermer, tellement c'est mal écrit. Je ne sais pas si la traduction française est mieux mais une chose est sûre, en anglais c'est vraiment pas terrible. Et puis la curiosité, nourrie par le battage médiatique entourant cette trilogie érotico-SM, fait qu'on s'accroche et qu'on poursuit.

Mis à part quelques trouvailles assez amusantes comme les échanges d'emails entre Anastasia Steele et Christian Grey, souvent faits avec humour, ou la relation de l'héroïne avec son inner Goddess, le style ne s'améliore guère. EL James n'est pas Douglas Kennedy.

Au bout d'une centaine de pages, on se dit que ce livre aurait dû s'intituler "Fifty shades of boring". Aucun cliché ne nous est épargné: un jeune homme de 27 ans issu d'une bonne famille de Seattle, beau comme un Dieu et riche comme Cresus mais avec une âme torturée et incapable d'aimer, flashe sur une oie blanche de la classe moyenne, encore étudiante avec des problèmes de confiance en elle mais qui, malgré tout, n'a pas sa langue dans sa poche. Aucune invraisemblance non plus : la défloraison d'Anastasia la fait grimper au plafond en cinq sec (mais bien sûr...) et lui donne six orgasmes. Rien que ça. On a droit à un défilé de marques à la American Psycho de Ben & Jerry's à toute la panoplie Apple, en passant par Blackberry et Audi, sans oublier Cartier et Louboutin. Un peu de pub aussi pour quelques chanteurs (Nelly Furtado, Coldplay, Beyoncé, Britney Spears) perdus au milieu de grands morceaux de musique classique, histoire de bien appuyer le fait que Mr Grey est un homme de culture et pas uniquement un homme d'affaires pervers qui prend son pied en fouettant ses maîtresses après leur avoir fait signer un contrat et un engagement de confidentialité.

Alors justement, me direz-vous, et le cul dans tout ça ? Le livre est-il à la hauteur de sa réputation sulfureuse ? Certes l'auteure n'y va pas par quatre chemins et décrit par le menu les scènes de sexe, appelle une chatte une chatte mais hormis un ou deux passages de fessée à mains nues ou à coups de ceinturon, y'a pas de quoi aller à confesse. Tout ceci est bien gentillet et ce qui aurait réellement pu faire polémique est écarté, sagement consigné dans une annexe au contrat prudemment intitulée Hard Limits. EL James n'est pas non plus Catherine Robbe-Grillet.

Malgré tout ça, je continue de lire. J'ai fini Grey et je suis passée à darker. Parce que ça entretient mon anglais d'une part, parce que ça se lit facilement d'autre part, mais aussi sans doute parce que c'est une histoire d'amour. Du style Carrie et Big. De ces histoires montagnes russes où on atteint des sommets d'extase une minute pour redescendre dans les abysses du désespoir la suivante. De ce point de vue là, EL James n'est pas à côté de la plaque : ces hommes-là existent, capables de vous faire sentir reine un jour et esclave le lendemain, ces hommes qui aiment mal et que les femmes aiment trop.

Did I ever really love Big or was I addicted to the pain, the exquisite pain, of wanting someone so unattainable...

(note: */****)



mardi 19 février 2013

With one look

Ce que je peux dire d'eux sur un simple regard...

Il m'est arrivé, parfois, de sortir d'un film et de n'en garder qu'un regard. Le regard d'un acteur. Je me suis rendu compte que quelques acteurs m'avaient un jour donné des frissons, sans parler, sans bouger, sans rien faire d'autre que tout transmettre dans un regard.

A la base, le regard est très important pour moi. En tant que femme, dans le jeu de la séduction par exemple, je suis très "sensible" au regard des hommes. Pas à celui que l'on porte sur moi mais simplement à l'intensité du look comme disent les anglo-saxons. Pour moi Sean Connery l'a. George Clooney aussi. Un regard intense, qui vous transperce comme un laser, même si je ne les ai jamais croisés que par l'intermédiaire d'un écran de cinéma. Richard Gere aussi (forcément...), mais plus doux. Et puis il y a le jeu. Récemment, je me suis rendu compte que certains de mes grands moments cinématographiques se résumaient par un regard. Ces regards-là...

D'abord il y a eu Al Pacino dans "Le Parrain II". Scène d'anthologie en ce qui me concerne. Une boîte de nuit, Miami. Michael Corleone sait que quelqu'un de son entourage le trahit en divulgant des informations à ses ennemis. Il ne sait pas qui. Et dans cette boîte de nuit, dans le brouhaha le plus total, son frère parle trop et Michael Corleone comprend que c'est lui qui l'a trahit. Son propre frère. Et là, dans le regard de Pacino, il y a tout: une ombre, une panique, une déception, une colère, une douleur et déjà, une condamnation. Et sur mon épine dorsale, des frissons.

Toujours dans le drame, il y a le regard décomposé de François Cluzet dans "L'adversaire". Tout à la fin du film, quand il arrive chez son ami Jean-Marc Faure au moment où la police sort les cadavres. Dans ce regard-là, il y a toute la culpabilité du mec qui se rend compte qu'il n'a rien vu venir, rien compris à rien. Qu'il vivait dans l'illusion d'une amitié qui n'existait pas. Un regard à donner froid dans le dos.

Drame encore pour Ulrich Tukur dans "Amen.". Un coup d'oeil dans un oeilleton qui donne sur... On ne le saura pas, ou plutôt on ne le verra pas mais dans le regard de Tukur, on le devine. L'horreur. Et encore ce serpent glacé qui monte le long de notre colonne vertébrale. Sur un regard. Pas de mots, pas de geste, pas de jeu de mise en scène. Un simple regard...

Il y a plus de vingt ans, un film français: un viel homme sur un banc, par une douce fin d'après-midi d'automne du midi de la France, parle avec une très vieille femme, aveugle. Elle lui raconte l'histoire de son amour de jeunesse à lui, qui avait quitté le village longtemps auparavant et qui est morte depuis longtemps. Une certaine Florette... Et Florette avait écrit quelques mois après son départ pour annoncer qu'elle avait eu un fils de l'homme. Mais l'homme n'avait jamais reçu la lettre et s'en étonne. Alors il demande à la vieille "Mais cet enfant, il est né vivant ?" Et elle "Vivant oui... mais bossu". Et dans le regard de Montand, toute la détresse et le désespoir du père qui a tué son enfant sans l'avoir jamais connu, sans avoir jamais su qu'il était sien.

Pour finir sur une note plus gaie, il y a enfin Gilbert Melki dans "La vérité si je mens 2". La scène dans un stade de foot, avec Daniel Prévost. Cela fait des semaines que Melki se farcit la présence de Prévost, tout ça pour le convaincre de rencontrer un fournisseur potentiel joué par Gad Elmaleh, et Prévost fait la forte tête. Melki n'en peut plus, est à deux doigts de tout laisser tomber, et just like that Prévost lui annonce que finalement c'est d'accord, il veut bien rencontrer Gad. Melki ne dit rien, il se contente de détourner légèrement le regard. Un regard rempli de jubilation. Et de soulagement que son calvaire soit enfin terminé. Excellent !

Evidemment, ces exemples-là ne sont que des exemples. Je sais qu'il y en a beaucoup d'autres à citer et ce post pourrait d'ailleurs se voir modifier quelques fois au fur et à mesure que d'autres exemples referont surface dans ma mémoire sélective ou que d'autres se rajouteront dans les films à venir.
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lundi 18 février 2013

The Conversation

Je ne sais plus comment j'ai découvert Scott Schuman, aka The Sartorialist, un photographe new yorkais passionné de mode, qui contribue au New York Times et dont je consulte le blog régulièrement. Le fait est que grâce à lui j'ai découvert sa petite amie, Garance Doré, illustratrice à la base qui a également un blog de mode et que, grâce à elle (vous suivez ?) j'ai découvert Amanda de Cadenet.

Amanda est une photographe anglaise devenue actrice devenue intervieweuse dans sa propre émission intitulée The Conversation with Amanda de Cadenet, co-produite par Demi Moore. Elle y interviewe (discute plutôt avec) une belle brochette de femmes, uniquement des femmes, célèbres, qui ont réussi et qui viennent de tous horizons : Jane Fonda, Gwyneth Paltrow, Joy Bryant, Kelly Preston, Alicia Keyes, Donna Karan, Eva Longoria, Diane von Fürstenberg, Lady Gaga (!), etc. Les sujets sont divers et variés et vont de leurs réussites à leurs échecs en passant par leur vie de famille, leurs rêves, leurs espoirs, leurs deuils, leurs regrets, remords, leur carrière, l'argent, les hommes, le  sexe et tout autre sujet typiquement féminin.

Depuis quelques jours, je fais du rattrapage en regardant ses émissions sur son site web et je suis fan, de plus en plus fan même.

Strong, smart and beautiful women... I love it!
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lundi 11 février 2013

Le journalisme (d'investigation) français n'est pas mort... mais il agonise

Mardi dernier, France 2, reportage sur Dominique Desseigne, PDG du groupe Barrière. Je ne connaissais l'homme que de nom, pas du tout son histoire que je trouve rapidement fascinante et surtout très bien racontée au fil du reportage. Le professionnalisme de la journaliste (même dans un sujet de société) m'aurait presque réconciliée avec le "journalisme d'investigation" à la française. Presque.

On nous brosse le portrait de cet homme qui s'est retrouvé dans la famille Barrière par amour et à la tête de l'empire du même nom par accident, qui explique d'ailleurs très bien que sa situation est singulière puisqu'il dirige une société familiale qui ne lui appartient pas et qu'il devra léguer un jour à ses enfants. Après nous avoir raconté tout ça avec le plus grand sérieux et le plus grand professionnalisme journalistique dont la France est capable, la journaliste ne pouvait pas terminer son reportage sans poser LA question qui tue : "Monsieur Desseigne, êtes-vous le père de Zorah Dati ?"

Non là vraiment j'ai eu envie de la gifler. A croire qu'on ne peut plus, dans ce pays, intéresser les gens avec des sujets sérieux plus de 20 minutes, il faut toujours un zeste de polémique, un brin de scandale, une pincée de trash.

Dominique Desseigne semblait aussi déçu que moi. Il lui a simplement répondu d'un air abasourdi "Ah, je m'y attendais à celle-là" et comme elle insistait, il l'a coupé d'un "Madame !" un peu sec.

En deux minutes, j'ai cru que j'avais zappé sans même toucher la télécommande tellement la tournure que prenait ce reportage avait une forte odeur de TF1. Dommage.

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Critique du film "Django, unchained"

Genre: unchain my heart, my feet, my soul (note: ***/****)


Réal. Quentin Tarantino
Avec Jamie Foxx, Christoph Waltz, Leonardo Di Caprio, Samuel L. Jackson, Kerry Washington, Laura Cayouette, Don Johnson, etc. 
 
C'est l'histoire de l'Histoire. Deux ans avant la guerre de sécession aux Etats-Unis, un chasseur de primes allemand à la gâchette facile se balade dans les états du sud pour traquer ses proies. Sur sa route il rencontre un esclave noir, Django, dont il a besoin pour identifier ses trois prochaines victimes. Un lien finit par se créer entre les deux hommes et le blanc accepte d'aider le noir à aller libérer de ses chaînes sa femme, esclave d'un propriétaire terrien.
 
Tarantino est un réalisateur doué pour plein de choses : les acteurs, la mise en scène au service d'une histoire, la musique, le montage, l'humour…
 
D'abord il sait choisir et diriger ses acteurs. Comme il l'avait déjà fait dans "Inglourious basterds", Christoph Waltz fait merveille dans le registre du mec tout en finesse, en délicatesse, en courtoisie, à la limite du "excusez-moi de vous demander pardon" et qui finit par vous coller une balle dans la tête au moment où on s'y attend le moins. Di Caprio oscille sans cesse entre bonnes manières maîtrisées et pulsions sanguinaires, ce qui laisse le spectateur dans une sorte d'appréhension constante de ce qu'il va faire d'une minute sur l'autre.  Samuel L. Jackson est méconnaissable. Il m'a fallu dix bonnes minutes avant de réaliser que c'était lui. Même sa voix est différente. Totalement à contre-emploi dans le rôle du majordome noir qui lave plus blanc que les blancs, il est parfait. Un vrai petit Bounty : noir dehors blanc dedans. A noter aussi Don Johnson, dans un petit rôle mais vraiment très bien. Finalement c'est presque Jamie Foxx, pourtant dans le rôle-titre, que l'on remarque le moins. Il n'en est pas moins impeccable, tout en sobriété et détermination.

Comme toujours chez Tarantino la musique est géniale, elle est un personnage à part entière de l'histoire et du film. L'humour est présent aussi, même dans les scènes les moins propices au rire, telle celle d'une vingtaine de membres du Ku Klux Klan qui se plaignent que les trous pour les yeux de leurs cagoules, confectionnées avec amour par l'épouse dévouée de l'un d'entre eux le soir au coin du feu sans doute, ne sont pas au bon endroit et qu'ils n'y voient rien. Ils pinaillent sur ce détail avec la même légèreté que s'il s'agissait d'un ourlet mal fait ou d'une étiquette qui gratte alors qu'ils s'apprêtent à tuer deux hommes…

Au final, c'est du Tarantino pur, réalisateur de génie aussi à l'aise dans le western que dans ses autres films. On ne voit pas passer les 2h45 de film, certes criblées de balles et baignées d'hémoglobine, mais 2h45 de grand cinéma.
 


mercredi 23 janvier 2013

La reine Victoria

Il y a longtemps que je voulais écrire un post sur Victoria Beckham. Parce que, je le dis d'entrée, je l'a-do-re. Ah là... j'entends déjà les hauts cris poussés des deux côtés de la ligne toute tracée du bon goût revendiqué. C'est normal car comme pour toute icône, il y a promoteurs et détracteurs. Personnellement je suis totalement promoteur. Mais ça n'a pas toujours été ainsi.

Il faut dire que Mademoiselle Adams partait de très très loin. Un seul regard aux photos de l'époque circa 2000 suffit pour s'en convaincre : question style c'était loin d'être gagné. Entre les extensions capillaires décolorées, les French manucures démesurées, les décolletés siliconés, le bronzage toasté et la garde-robe zéro-pointé, rien dans cette chenille ne pouvait nous préparer au papillon qui allait émerger : le plus spectaculaire 180° de l'histoire de la mode.

Et puis va savoir…Enfin libérée du carcan Spice Girls (qui l'a néanmoins révélée et qu'elle ne renie d'ailleurs pas, sans pour autant s'en vanter), elle met un pied dans le monde de la mode et relooke en parallèle son footballeur-superstar de mari. Là déjà on lève un sourcil. Tiens, tiens… Elle-même amorce un changement de garde-robe peu après son déménagement à Los Angeles en 2007.

En 2008, enfin, elle lance sa première collection dVb en collaboration avec Roland Mouret. Ses modèles sont féminins, élégants, chics, ils donnent à la femme du style, de la classe. Les tissus sont beaux, les lignes sont épurées, classe, les finitions sont impeccables. Tout ceci tranche agréablement avec une certaine mode actuelle "avachie" où le corps de la femme se perd dans des vêtements-chiffons sans aucune forme ni allure. Tout le contraire de ce que dessine Victoria Beckham et qui ne se démentira pas les années suivantes, désormais seule aux commandes de sa marque. Elle le dit elle-même "I want to empower women" (je veux donner du pouvoir aux femmes). C'est réussi.

Première ambassadrice de sa marque, elle est sans doute la femme la plus photographiée au monde à l'heure actuelle. Ses détracteurs se plaisent à dire qu'elle se met en scène et fait toujours "la gueule" sur les photos. C'est vrai. Elle s'est créé un personnage : Victoria by Victoria Beckham. Mais la femme des photos n'est pas celle des interviews télévisées qui prouvent qu'elle est en fait très drôle, a beaucoup d'humour et ne se prend pas tant au sérieux que ça.

Victoria Beckham est tout à fait le style de femme que j'admire : féminine, déterminée, forte, qui sait ce qu'elle veut et comment l'obtenir. Une femme de tête et de style, une femme d'affaires, une mère, une épouse. My kinda woman.
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