Genre: made of lies / Madoff lies... (note: **/****)
Réal. Woody Allen
Avec: Alec Baldwin, Cate Blanchett, Bobby Canavale, Louie CK, Sally Hawkins, Peter Sarsgaard, etc.
Toute ressemblance entre Jasmine French et Ruth Madoff ne serait pas purement fortuite. Woody Allen semble avoir mis tout un tas de détails (véridiques) de la vie de Ruth dans un shaker et bien secoué tout ça pour aboutir à sa Jasmine. Le monde entier connaît l'histoire de Ruth et Bernard Madoff, Woody Allen en donne sa propre lecture avec tout le talent qu'on lui connaît.
De ce film ressort plusieurs choses : d'abord qu'on s'habitue vite à l'argent, au confort, au pouvoir qu'il procure et que même une fois ruiné on continue comme si de rien n'était. Un peu comme un amputé de la jambe continue d'avoir des fourmis dans les doigts de pieds. L'argent donne une posture, un vocabulaire, un maniérisme, une deuxième nature que la ruine n'éradique pas. Ces "gens-là" se reconnaissent entre eux, comme le personnage de Peter Sarsgaard repère immédiatement Cate Blanchett dans un appartement bondé, à son sac Hermès, sa ceinture Chanel et ses souliers Roger Vivier. Ils viennent du même milieu, de la même caste, ils se sont retrouvés.
Ensuite que le mensonge finit toujours par vous revenir dans la gueule comme un boomerang. Le mari de Jasmine paiera le prix ultime pour toutes ses tromperies et trahisons.
Enfin, que le hasard ne fait pas toujours bien les choses et que le destin peut basculer d'une seconde à l'autre à cause d'un coup de fil ou d'une rencontre fortuite : Jasmine appelle le FBI pour se venger des infidélités de son mari et enclenche ainsi le mécanisme qui la mènera à sa propre perte ; quelques années plus tard, une rencontre sur un trottoir fait basculer tout son avenir alors qu'elle était si près d'une nouvelle vie, qu'elle la tenait à portée de main (ou de doigt, en l'occurrence).
Le film se clot sur une fin ouverte. Que va devenir Jasmine (impeccable Cate Blanchett, pour une fois vraiment impressionnante) ? On ne sait pas mais on peut penser qu'elle va soit se suicider (peu probable), soit se reprendre et recommencer. Question de survie.
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lundi 21 octobre 2013
vendredi 4 octobre 2013
The Guitrys
Genre: Rossignol de printemps (note: ****/****)
Pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Steve Suissa, décors et scénographie de Stéphanie Jarre
Avec Martin Lamotte, Claire Keim et Sylvain Katan
Au théâtre Rive Gauche
De leur rencontre en 1915 à leur séparation en 1932, Sacha Guitry et Yvonne Printemps formèrent un couple de légende à la scène comme à la ville. Leur talent et leur caractère en font un couple fascinant auquel la pièce rend un superbe hommage sous la plume visiblement conquise d'Eric-Emmanuel Schmitt.
Schmitt ne trahit pas Guitry et lui emprunte d'ailleurs ici et là, ses propres expressions. Il faut dire qu'il y a de quoi faire et que c'est souvent un vrai régal : "l'amour à deux, ça dure le temps de compter jusqu'à trois", "il y a des femmes dont l'infidélité est le seul lien qui les attache encore à leur mari", "être riche ce n'est pas avoir de l'argent, c'est en dépenser" etc. A en croire la pièce, Guitry avait trouvé en Yvonne Printemps une femme qui avait autant de répartie (et d'humour grinçant) que lui : "il vaut mieux, pour une femme, être jolie qu'intelligente parce qu'en ce qui concerne les hommes, il y a plus d'idiots que d'aveugles".
L'ambiance générale est légère tout en racontant sérieusement une histoire d'amour (de passion ?) aussi intense que destructrice. La mise en scène est originale et très réussie. Martin Lamotte campe un Guitry plutôt sobre mais son expérience d'acteur de comédie lui permet de faire passer l'humour avec subtilité. La vraie belle surprise est Claire Keim. Dans les passages chantés, elle révèle un beau brin de voix. Dans les échanges avec son partenaire, elle est d'un naturel bluffant, pétillante comme une bulle de champagne, mignonne tout plein, très à l'aise avec son personnage. En un mot : elle est formidable.
Bref, un pur moment de bonheur, qui dure 90 minutes. Ce n'est pas si souvent. Alors allez-y vite !
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Pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène de Steve Suissa, décors et scénographie de Stéphanie Jarre
Avec Martin Lamotte, Claire Keim et Sylvain Katan
Au théâtre Rive Gauche
De leur rencontre en 1915 à leur séparation en 1932, Sacha Guitry et Yvonne Printemps formèrent un couple de légende à la scène comme à la ville. Leur talent et leur caractère en font un couple fascinant auquel la pièce rend un superbe hommage sous la plume visiblement conquise d'Eric-Emmanuel Schmitt.
Schmitt ne trahit pas Guitry et lui emprunte d'ailleurs ici et là, ses propres expressions. Il faut dire qu'il y a de quoi faire et que c'est souvent un vrai régal : "l'amour à deux, ça dure le temps de compter jusqu'à trois", "il y a des femmes dont l'infidélité est le seul lien qui les attache encore à leur mari", "être riche ce n'est pas avoir de l'argent, c'est en dépenser" etc. A en croire la pièce, Guitry avait trouvé en Yvonne Printemps une femme qui avait autant de répartie (et d'humour grinçant) que lui : "il vaut mieux, pour une femme, être jolie qu'intelligente parce qu'en ce qui concerne les hommes, il y a plus d'idiots que d'aveugles".
L'ambiance générale est légère tout en racontant sérieusement une histoire d'amour (de passion ?) aussi intense que destructrice. La mise en scène est originale et très réussie. Martin Lamotte campe un Guitry plutôt sobre mais son expérience d'acteur de comédie lui permet de faire passer l'humour avec subtilité. La vraie belle surprise est Claire Keim. Dans les passages chantés, elle révèle un beau brin de voix. Dans les échanges avec son partenaire, elle est d'un naturel bluffant, pétillante comme une bulle de champagne, mignonne tout plein, très à l'aise avec son personnage. En un mot : elle est formidable.
Bref, un pur moment de bonheur, qui dure 90 minutes. Ce n'est pas si souvent. Alors allez-y vite !
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