dimanche 20 novembre 2016

Timeless

Genre : retour vers le futur (note: */****)


Série US - 2016
Créée par Eric Kripke et Shawn Ryan
Avec Abigail Spencer, Matt Lanter, Paterson Joseph, Sakina Jaffrey, Goran Visnjic, etc.

J'ai commencé à regarder à cause d'Abigail Spencer que j'avais adorée dans Suits.

La série suit les aventures et mésaventures d'un trio composé d'une historienne, un ancien GI et un ingénieur aéronautique noir (la couleur de peau a son importance) voyageant dans le temps pour empêcher un groupe de terroristes de changer l'histoire.

Dans le pilote, on assiste au kidnapping d'une machine à remonter le temps et de son inventeur par une bande de bad guys. Heureusement, la machine dérobée était la version ultime mais le groupe d'ingénieurs l'ayant fabriquée a eu la bonne idée de conserver une version précédente qui garde le lien avec le vaisseau mère façon iCloud. Moins performante bien sûr, mais encore suffisamment pour permettre aux good guys de partir à leur poursuite dans le temps. Genre iPhone 7 vs iPhone 5 : la version 5 permet encore de téléphoner.

Le côté sympa et fun, c'est la revisite de certains moments de l'histoire des Etats-Unis et de l'Europe. L'historienne est là pour garantir que tout sera fait selon les us et coutumes des époques visitées mais aussi et surtout pour s'assurer que rien de ce qu'ils feront dans le passé n'altèrera le fil de l'histoire afin qu'ils puissent revenir dans un 2016 intact. Evidemment dès le premier épisode, ça ne se passe pas vraiment comme ça et l'historienne paye personnellement le dérapage historique d'un de ses compagnons de voyage...

Les quatre premiers épisodes nous promènent en vrac de Lincoln à Kennedy en passant par Hitler et un accident de dirigeable dans les années 30. La structure de chaque épisode est la même : ils repèrent le moment et le lieu de l'atterrissage du vaisseau mère et y expédient le trio de gardiens de l'histoire dans l'autre machine afin de contrecarrer les plans des insurgés.

Tout ça se laisse voir sans déplaisir. Les acteurs ne sont pas désagréables et les reconstitutions tiennent la route. Evidemment, l'enjeu n'est pas seulement de préserver l'Histoire telle qu'on la connaît mais surtout de comprendre l'objectif (probablement dangereux, voire funeste) du cerveau de l'affaire afin de l'empêcher de le réaliser. Et c'est là que le bât blesse car au lieu d'aller naviguer à vue dans les méandres de notre passé, n'aurait-il pas été plus simple de remonter le temps jusqu'aux cinq minutes précédant le kidnapping de la machine et de son inventeur afin de l'empêcher ? C'est sûr que, dans ce cas, un épisode aurait suffit mais bon, du coup, une fois qu'on a réalisé ça, notre œil se fait un peu plus goguenard.
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lundi 20 juin 2016

Crossover Pivoine / Little Bôboon

Comme Pierre Gagnaire avant lui, Alain Passard nous a fait un effet bœuf. Un comble pour un chef qui a bâti sa réputation sur les légumes. 

Passard fut... passable. Bien sûr le lieu est impeccable, le service itoo, la vaisselle classe mais classique (assiettes blanches toutes identiques à part la forme de certaines, timbales et assiette à pain en argent, verres à pied vin ET eau), les produits sont de qualité, les cuissons sont impeccables mais tout ça manque cruellement de créativité, de modernité, d'originalité. Rien ne dépasse, tout est au cordeau, c'est de la bonne vieille cuisine gastronomique à la française sous le regard bienveillant du portrait de Louise Passard, la grand-mère du chef. Oui mais voilà, à 380€ le menu, je veux tomber de ma chaise à tous les plats (au pire un plat sur deux) et vivre une véritable expérience sensorielle exceptionnelle : je veux être renversée de saveurs, décoiffée de textures, bluffée par les fumets, estomaquée par les mélanges, envoûtée par les odeurs. Et le 9 juin au dîner, ce ne fut pas le cas. 

Force est de constater que nos grands chefs français historiques, les Bocuse, Gagnaire, Ducasse, Passard, Pacaud et consorts ne savent pas réinventer la grande cuisine en d'autres termes "se réinventer" car la grande cuisine c'est eux, ou plutôt c'était eux. Aujourd'hui ils n'ont pas leur pareil pour former les jeunes talents à la technique, au choix et au travail des produits, à l'exigence du métier mais ce sont ces jeunes pousses les David Toutain, Bertrand Grébaut, Sven Chartier qui, une fois formés dans ces cuisines illustres, font exploser leur propre idée de la gastronomie. Ils se sont affranchis des carcans du conformisme et cherchent ailleurs (y compris à l'étranger) leur inspiration. Ils ont raison. 

Depuis dix ans, nos expériences gastronomiques les plus mémorables, incroyables, exceptionnelles, nous les avons trouvées ailleurs : Azurmendi, Carme Ruscalleda ou El Celler de Can Roca (Espagne), Fifty-Three ou Jaan (Singapour), Mr & Mrs Bund (Shanghaï), Geranium (Copenhague), Jungsik (New York), D.O.M. (San Paolo), Aromi (Prague), Alle Murate (Florence), etc. ; ou chez des chefs venus d'ailleurs ou qui sont allés voir ailleurs : Alliance, ES, Blue Valentine, Will, Abri, Kei, Anthocyane, H, Sushi B, Louis, Pages, Neige d'été, Porte 12 (Paris), Miles (Bordeaux), Takao Takano (Lyon) et bien d'autres. 

Alors, quitte à dépenser 900€ pour un dîner à deux, autant que le billet d'avion soit inclus.

Restaurant Arpège - 84 rue de Varenne - 75007 Paris

Pour la critique avec les photos, c'est sur le site de Little Bôboon, juste ici :

http://www.littleboboon.com/arpege-a126144168

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mercredi 30 mars 2016

James Bond contre Dr House

Son nom est Pine, Jonathan Pine (Tom Hiddleston, un 007 en puissance). Ancien soldat de sa gracieuse Majesté ayant servi en Irak, il a pris sa retraite de l'armée en devenant le Manager de Nuit d'un palace au Caire où il a la mauvaise idée de fricoter avec la petite amie d'un caïd local qui, elle, a la (très) mauvaise idée de mettre son nez dans les affaires du monsieur. S'en suit beaucoup d'hémoglobine et de solution lacrymale.

Sans transition on retrouve Mister Pine, 4 ans plus tard, Manager de Nuit d'un hôtel classe mais paumé des alpes suisses où il retrouve "comme par hasard" un homme d'affaires britannique, Richard Roper (Hugh Laurie, débarrassé de son accent US et de sa barbe de trois jours - traduire: moins sexy) bon samaritain de l'humanitaire côté face, trafiquant d'armes côté pile, qu'il rend responsable de la mort de la jeune femme citée plus haut. S'en suit un recrutement express par une agente finaude du MI-6 (Olivia Colman, impec) qui voit en Pine le moyen le plus sûr de faire tomber Roper.

Excepté un postulat de départ un peu faiblard (l'origine de la motivation de Pine et le subterfuge pour réussir à infiltrer l'entourage de Roper sont assez peu crédibles), la mini-série a beaucoup de qualités. La réalisation déjà, au cordeau. Il faut dire que derrière la caméra, il y a du lourd : Susanne Bier, réalisatrice danoise oscarisée en 2011 pour Revenge (Meilleur Film Etranger), dont j'avais déjà adoré deux précédentes réalisations : After the wedding (avec Mads Mikkelsen) et Love is all you need (avec Pierce Brosnan).

Tourné comme un James Bond (le générique donne le ton d'entrée), The Night Manager excelle à créer une ambiance dès le premier épisode grâce en partie à une photographie superbe et des décors grand luxe grandioses, comme si toute la laideur d'âme de Roper pouvait être atténuée par la beauté à couper le souffle des paysages.

Susanne Bier a réuni un casting cinq étoiles. Deux têtes d'affiche plus-charismatiques-tu-meurs,  Tom Hiddleston et Hugh Laurie dont on peut noter que dans la vraie vie ils ont le même cursus académique (Eton et Cambridge, rien que ça), entourés d'un supporting cast de rêve : Olivia Colman (déjà formidable dans Broadchurch), David Harewood (vu dans Homeland), la statuesque un brin déjantée Elisabeth Debicki, Tom Hollander, et une très brève mais capitale apparition d'Aure Atika.

Quand on voit ce genre de production pour le petit écran, on se dit qu'il n'a clairement plus grand chose à envier au grand.


The Night Manager - minisérie US/UK en 6 épisodes (note : ***/****)
Basée sur un livre de John Le Carré
Réalisée par Susanne Bier
Avec Tom Hiddleston, Hugh Laurie, Olivia Colman, Elizabeth Debicki, Tom Hollander, David Harewood, Alistair Petrie, Noah Jupe, etc.

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mardi 29 mars 2016

The People vs O.J.

Genre: Absolutely 100% TV reality (note: */****)


La mini-série a la bonne idée de commencer par nous rappeler les émeutes de Los Angeles fin avril 1992 qui ont fait suite à l'acquittement de quatre policiers blancs accusés d'avoir tabassé un automobiliste noir, Rodney King. Bonne idée car là est la clé d'un verdict surprenant qui tombera près de trois ans et demi plus tard dans une affaire qui, à première vue, n'a rien à voir avec Rodney King.

Comment rendre attractif un téléfilm basé sur une affaire criminelle véridique dont le monde entier sait déjà tout, qui a déjà été montrée sous toutes les coutures, qui n'a quasiment plus aucun secret pour personne ? Réponse : en lui donnant un casting en béton armé.

Réalisé comme un documentaire, "American Crime Story: The People vs OJ" combine des scènes déjà vues en vrai à la télé et recrées ici pour la fiction (la poursuite de la Bronco, la conférence de presse de Robert Kardashian, les scènes au tribunal) à tout ce qui s'est passé en coulisses, hors caméra, basé sur témoignages et procès-verbaux.

On apprend comment Johnnie Cochran (Courtney B. Vance, plus vrai que nature) intègre la fameuse Dream Team d'avocats qui parviendront, au bout d'un procès fleuve et ultra-médiatisé, à faire acquitter un client qui avait pourtant écrit "100% coupable" sur le front en lettres de feu.

L'occasion aussi de revenir aux origines de la "célébrité" d'une famille, les Kardashian-Jenner, aujourd'hui plus médiatisée que les Windsor...

Je pensais en avoir soupé de l'affaire OJ Simpson, en fait non. Grâce au casting cinq étoiles (seul Cuba Gooding Jr ne convainc pas totalement, ne serait-ce que par la différence de stature) je me suis laissée reprendre, 21 ans plus tard, alors que j'habitais aux Etats-Unis à l'époque du procès et que je l'avais suivi en live tous les jours.
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mercredi 23 mars 2016

House of Cards (saison 4)

Note: */****

De plus en plus sombre au propre comme au figuré (le bureau ovale devient aussi noir que l'âme de Frank Underwood), de plus en plus glauque voire malsain, de plus en plus invraisemblable aussi.

Mais Robin Wright est impressionnante.
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mardi 23 février 2016

Critique du livre "En attendant Bojangles"

Genre: rien ne s'oppose à la nuit (note: **/****)


C'est un livre court, lu rapidement. Court comme un sprint, une claque, une maladie foudroyante. L'histoire d'un enfant qui raconte celle de ses parents. De sa mère surtout, qui va passer de gentiment allumée à complètement barrée, de la folie douce à la folie pure.

Dans les yeux d'un enfant, l'univers créé par cette mère fantasque n'est qu'un pur bonheur. Son fils est tout pour elle, elle ne vit que pour lui, pour lui donner une enfance merveilleuse, hors du commun. Et au début ça marche : une enfance comme ça, on en rêverait. Jusqu'au jour où elle bascule dans la vraie folie sans s'en rendre compte.

Dans les premières pages, question style, on hésite entre Stéphane de Groodt (pour le bon sens qui ne va pas dans la bonne direction) et Alexandre Jardin. C'est à la fois léger et déjà pas mal déjanté. On aime que le père se prête au jeu lui aussi, en donnant à son épouse tous les jours un prénom différent. Quel est le vrai ? On ne le saura jamais. On aime cette légèreté de ton et on se prête au jeu, nous aussi, dans l'espoir un peu fou que toute cette légèreté ne soit que ça.

Olivier Bourdeaut a écrit un très joli livre mêlant humour, émotion, farce et drame. Il a un vrai style et on lui souhaite de continuer d'écrire même si, pour le prochain, il sera certainement attendu au tournant après un premier roman pareil.

"Ne prenez pas la vie trop au sérieux, de toute façon vous n'en sortirez pas vivant"      Bernard Fontenelle

En attendant Bojangles - Roman d'Olivier Bourdeaut
Editions Finitude (janvier 2016)

vendredi 29 janvier 2016

Ulay, Ulay, oh...



Je ne suis pas fan du tout de ce genre de démonstration que l'on appelle pompeusement de l'art "moderne". Je ne vois pas en quoi s'asseoir sur une chaise et fixer des étrangers pendant une minute à la chaîne, peut s'apparenter à de l'art. Et le fait que la scène se passe entre les murs du prestigieux MoMA ne lui donne pas une légitimité artistique pour autant à mes yeux. Et pourtant...

Qu'est-ce que l'art ? Une représentation/création (peinture, livre, musique, ballet, etc) originale ou adaptée qui va faire émerger une émotion. Et c'est le cas pour moi chaque fois que je visionne cette vidéo : à 1:45 chrono... l'émotion naît. Mais elle naît d'un tout, d'une addition de plusieurs choses qui ont été assemblées pour créer ce petit film. C'est ce petit film dans son entièreté qui constitue l'œuvre d'art et pas seulement la démonstration de Marina Abramovic.

Le texte sur fond noir d'abord qui pose le contexte, l'introduction sous forme de défilé d'inconnus qui viennent prendre place l'un après l'autre, chacun son style, chacun son "stare", homme, femme, jeune, vieux, blanc, ethnique, ils composent une frise. Puis il arrive. Ulay, Ulay, oh...

D'un pas décidé, élégant, il arrange sa mise comme un adolescent à son premier rendez-vous amoureux, s'installe en prenant son temps, conscient de chaque geste. En ouvrant les yeux, elle est clairement surprise de le trouver là, face à elle, face à face comme 35 ans auparavant. Sa surprise est dans un imperceptible plissement des yeux ; lui entre heureux d'être là et désolé de lui faire ça. Au début, elle semble heureuse de le voir et peu à peu la joie laisse place à l'émotion.

Il y a une telle nostalgie dans leur regard. On y croise tous les non-dits, tout ce qu'ils ont vécu ensemble, ce qu'ils ont vécu après, le temps qui a passé et qui ne reviendra plus. Qu'ont-ils fait de leurs vingt ans ? Qu'ont-ils fait de cette vie sans eux ? C'est comme s'ils (elle surtout) prenaient conscience de tout ce temps qui a passé, de leur jeunesse perdue, leurs amours périmées. Et cette émotion qui monte, monte, monte, finit par la submerger, nous submerger. Elle ne parvient plus à la contenir, les larmes coulent sans bruit, elle rompt sa posture et son silence. On ne sait pas ce qu'ils se disent et c'est mieux comme ça, chacun peut y mettre ce qu'il veut, comme une image qu'on colorie soi-même. La minute s'achève, il se lève, il s'en va. C'est fini. L'art est parfois éphémère. Il faut s'en remettre. Ulay, Ulay, oh...

Lorsqu'elle ouvre les yeux sur la personne suivante, qui s'est assise après lui, la déception est si grande que ce soit quelqu'un d'autre face à elle qu'elle les referme aussitôt comme pour prolonger le moment précédent, faire durer l'émotion encore, la garder en elle un tout petit moment de plus.

Et enfin il y a la chanson, révélateur de cette émotion. La chanson fait beaucoup. Il faut se laisser envahir par la musique, il faut surtout écouter les paroles. Ulay, Ulay, oh...

Tout est beau ici. Tout... sauf peut-être la réalité, hors champs, hors cadre. Mais qui s'en soucie ? L'art travestit la vie et transcende ce qu'elle peut avoir de laid. Il est là pour ça, et c'est très bien ainsi.
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mercredi 27 janvier 2016

Bonne résolution pour 2016

Oui, au singulier car il n'y en a qu'une digne d'être partagée ici : écrire plus de posts.


Vu ma piètre performance de 2015 (plus rien après le retour de vacances d'été) ça ne devrait pas être trop difficile :)


On verra !