Thomas Kane est le king of Chicago,
ou plutôt son maire, un maire omnipotent. Clairement la politique a mangé toute
sa vie. Certes il a une épouse, très belle, qu'il croise vaguement entre deux
portes et avec laquelle il échange des sourires polis ; il a aussi une fille
qu'il a écarté de sa vie depuis longtemps. Il a surtout un chef de cabinet et
une responsable de la communication qui semblent être devenus son unique
famille. L'épisode pilote pose les jalons d'une série noire, cynique, sans une
once d'humour.
Pour l'impressionnant Kelsey
Grammer, on est loin de Cheers ou de Frasier. Pour Kathleen Robertson, loin de Beverly
Hills 90210. Ce Chicago-là est trempé dans l'acier, le plomb, le cynisme pur,
l'avidité, un pouvoir que l'on conserve coûte que coûte quitte à rayer de la
carte un médecin, à briser des vies, une ville entière même. Tout n'est que
calcul, complot, corruption et manipulation. Mais voilà dans ce pilote le
statuesque Tom Kane apprend aussi, et ce dès la toute première scène qui est
formidable, qu'il est atteint d'une maladie dégénérative incurable et qu'en
deux mots ce n'est qu'une question de (peu de) temps avant qu'il ne devienne un
légume. Mais dans la jungle terrible jungle le lion ne veut pas mourir…
La caméra est collée à l'oreille des
acteurs, saisissant le moindre frémissement, un œil qui se crispe, un sourire
qui faiblit, une colère qui monte, une angoisse imperceptible. Les acteurs
déroulent une partition sobre, sans état d'âme, quasi rigide sauf un : un journaliste
un peu consciencieux qui déterre (au sens propre) un scandale écologique et
sanitaire monstrueux. Le lion vacille mais ne tombe pas.
Tous les personnages, seconds rôles
compris, semblent avoir un "agenda" comme on dit en anglais (des
ambitions personnelles cachées). Aucun n'inspire confiance, ni ne semble en
sécurité, jamais à l'abri d'un retournement de veste d'untel ou d'une
condamnation de tel autre. Toujours sur le fil du rasoir, quand on pense avoir
cerné un personnage il prend un virage à 180°, nous laissant stupéfaits de n'avoir
rien vu venir.
Boss est une série brillante,
arrogante, pernicieuse, tout en violence contenue et déléguée, comme son personnage
principal. Elle est addictive et la chanson de son générique ("Satan, your
kingdom must come down" de Robert Plant) est tout simplement parfaite.
Créée par Farhad Safinia
Avec: Kelsey Grammer, Connie Nielsen, Kathleen Robertson, Martin Donovan, Jeff Hephner, Hannah Ware, Troy Garity, etc.
1 commentaire:
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