Aux Etats-Unis, le Vice-Président est une position à la fois primordiale et sans intérêt : avant l'élection, il est celui ou celle qui peut faire pencher la balance (Kennedy n'avait-il pas choisi le texan Johnson pour s'assurer les voix des états du sud alors que les deux hommes ne s'appréciaient guère), après l'élection il/elle n'a pas plus de rôle à jouer que la première dame de France. Il/elle occupe un vague strapontin, coupe des rubans lors d'inaugurations de statues et d'édifices publics, représente le Président lorsque l'occasion n'est pas prioritaire et que celui-ci a mieux à faire.
Mais il n'empêche qu'il faut le/la choisir avec soin car en cas de décès du Président en exercice, il/elle prendra sa place. Et là, ce n'est plus pareil, ce n'est plus pareil du tout.
Dans la même veine qu'un "Margin Call", "Game change", l'excellent téléfilm produit par HBO et réalisé par Jay Roach, décrit par le menu le choix de Sarah Palin pour être la binôme de John McCain sur le ticket républicain pour l'élection présidentielle américaine de 2008. Comment elle fut choisie, comment elle fut coachée et comment elle, une virtuelle inconnue, gouverneur d'un état d'à peine plus de 700 000 habitants, devint la femme la plus médiatisée et la plus méprisée au monde cette année-là.
Superbement écrit et joué, le film démontre très bien que si l'on peut donner un nouveau look, une nouvelle coiffure, un maquillage plus soigné à cette femme en 24 heures, on ne peut lui donner une culture générale dans le même temps. Et que si le look, l'emballage, le joli vernis font leur petit effet à la première impression, c'est la substance qui fera la vraie différence sur le long terme.
Au début on sourit de ses bourdes, de sa stupidité, on s'amuse à voir tout un état-major de campagne s'arracher les cheveux à faire entrer un minimum de géographie, d'histoire et de géopolitique dans cette tête bien faite mais pas très pleine. A vouloir être audacieux, à vouloir faire un "coup", ils se sont mis eux-même dans la panade sans possibilité de retour en arrière, et on se dit que c'est bien fait pour eux. Et puis... il y a une scène qui se passe chez McCain lors d'un barbecue. Il a demandé à faire mettre en présence son médecin personnel et Sarah Palin, à l'insu de cette dernière, pour avoir l'opinion du pratricien sur l'état psychique de sa vice-présidente. Le médecin l'observe et finir par lâcher que "pour une femme qui vient d'avoir un bébé, qui a un fils en Afghanistan, une fille adolescente enceinte, un état à gérer et une campagne présidentielle à mener, elle s'en sort très bien". Et là, soudainement, on se dit qu'il n'a pas complètement tort. On avait fini par oublier que Sarah Palin est une vraie personne, qui a une vraie vie, une vraie famille, de vrais sentiments et non pas cette marionnette parodiée par Tina Fey tous les samedis soirs. Et bizarrement, à ce moment-là du film, on la regarde comme un être humain pour la première fois, presque avec compassion.
Mais comme nous aussi, nous ne sommes que des êtres humains, lorsqu'elle se compare à Hillary Clinton au cours d'une conversation téléphonique avec Nicolle Wallace, sa conseillère en communication durant la campagne, on ne peut s'empêcher de rire de nouveau, de se moquer. Elle redevient instantanément la Sarah Palin qu'on adore détester qui décidément ne se rend pas compte à quel point elle est à côté de la plaque, et à quel point elle en est ridicule.
"Game Change" (2012) - TV (note: ***/****)
Réal. Jay Roach
Avec Julianne Moore (Sarah Palin), Ed Harris (John McCain), Woody Harrelson (Steve Schmidt), Sarah Paulson (Nicolle Wallace), Ron Livingston, Peter MacNicol, Jamey Sheridan, etc.
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lundi 23 juillet 2012
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