samedi 8 mars 2014

de McConnerie à McConnaissance


La première fois que j'ai vu Matthew McConaughey c'était en 1996 dans le film "A time to kill" (le droit de tuer ?) avec Samuel L. Jackson et Sandra Bullock, basé sur le roman de John Grisham. D'entrée il m'avait bien énervée. Déjà le sujet, particulièrement délicat, était traité de façon vulgaire et sans subtilité mais en plus McConaughey surjouait avec une prétention et une arrogance qui méritaient à l'époque une bonne paire de claques.

L'année suivante, il remet ça avec "Amistad". Casting et réalisateur cinq étoiles, mais pas d'amélioration côté jeu pour McConaughey, son accent du sud trop appuyé n'aidant pas. Cette année-là, Matthew devint pour moi McConnerie.

Il se lance alors dans la comédie romantique bas de gamme, aidé par un physique pas désagréable et bien entretenu qui demeure jusque là son seul véritable atout. Mais ça ne fait pas un acteur. Jennifer Lopez craque pour lui dans "The wedding planner" (un mariage trop parfait) en 2001 (moi, toujours pas), il s'ensable dans "Sahara" avec Penelope Cruz, se noie dans "Fool's gold" (l'amour de l'or) avec Kate Hudson, ne décolle pas dans "Ready to launch" (playboy à saisir) avec Sarah Jessica Parker, ne hante personne dans "Ghosts of girlfriends past" (hanté par ses ex) avec Jennifer Garner et continue comme ça une petite décennie (quand même !) dans le registre McConnerie.

Avec quelques années de retard, je tombe un soir sur "How to lose a guy in ten days" (comment se faire larguer en dix leçons) avec re-Kate Hudson et là, à ma grande surprise, je lève un sourcil: tiens, tiens... Certes c'est une comédie romantique comme on en a déjà vu cent, et pourtant... Avec ce film, il donne un premier (petit) aperçu de ce qu'il peut faire bien mais on est encore très loin de l'Oscar.

En 2009, il comprend enfin qu'il ne va nulle part et décide de faire un break. Il revient en 2011 avec "The Lincoln Lawyer" et là j'ai (enfin !) levé le deuxième sourcil : une sobriété de jeu dont je le croyais bien incapable, une maturité inespérée, un film intelligent, bien fichu (à part le rebondissement final un poil capilotracté). Il enchaîne avec l'intense et très noir "Killer Joe" (le choc, dans tous les sens du terme), "Mud" et "Magic Mike", dix minutes extraordinaires chez Scorsese face à DiCaprio dans "the wolf of Wall street", en sidéen qui ne veut pas mourir dans "Dallas Buyers Club" mais enfin et surtout, superbe, en flic introverti, intense, chtarbé mais perspicace qui ne lâche rien dans "True detective" sur la chaîne américaine HBO.

Un acteur, un vrai, est-il né ? Depuis trois ans, il a fait les bons choix et délivré de superbes performances, peut-il garder ce niveau ? S'est-il trouvé ?

Une chose est sûre, quand on voit ses discours de remerciements aux différentes récompenses qu'il a reçues ces derniers mois on se dit qu'il vaut mieux que quelqu'un d'autre continue d'écrire ses textes. L'espace de trois ou quatre fois cinq minutes, j'ai retrouvé le McConnerie des grands soirs : décalé, déjanté, à côté de la plaque, too much, limite incompréhensible, pas humble pour deux sous et à la fois conscient du chemin parcouru, de ce qu'il était et de ce qu'il est devenu : de McConnerie à McConnaissance.

2013 fut sans contexte l'année Matthew McConaughey. Était-ce une année charnière ou l'apogée de sa carrière ? L'avenir nous le dira.

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