samedi 26 juillet 2014

Critique du film "L'homme qu'on aimait trop"

Genre: l'espion qui ne l'aimait pas (note: **/****)

Réal. André Téchiné
Avec Guillaume Canet, Catherine Deneuve, Adèle Haenel, Jean Corso, etc.
Scénario d'André Téchiné, Cédric Anger et Jean-Charles Le Roux d'après le livre de Renée Le Roux

Elle s'appelait Agnès Le Roux. Elle avait 29 ans, un sacré caractère, un bel héritage et elle a été prise dans les feux croisés de la guerre des casinos qui opposait sa mère à un mafieux niçois nommé Fratoni. Elle était amoureuse aussi, de Maurice Agnelet, son amant et ancien avocat de sa mère, rongé par l'amertume d'avoir été écarté par cette dernière et passé dans le camp Fratoni par intérêt (par vengeance ?). Agnès Le Roux a disparu à la Toussaint 1977, au volant de sa Range Rover toute neuve et n'est jamais réapparue. Trois mois après la disparition d'Agnès, Maurice Agnelet a vidé ses comptes en banque, sur lesquels il avait procuration, pour mettre l'argent (3 millions de francs !) sur son compte à lui. Il n'a jamais cherché à l'appeler, n'a jamais paru inquiet de sa disparition, n'a jamais agi comme si allait revenir. Il est le seul et c'est, entre autres, ce qui a toujours fait dire à Renée Le Roux qu'il savait que sa fille ne reviendrait pas pour la bonne et simple raison qu'il l'avait tuée. Dès lors cette femme n'a plus eu qu'un seul but : faire condamner Maurice Agnelet pour le meurtre d'Agnès.

Renée Le Roux (ici interprétée par Catherine Deneuve) est une femme de caractère, que l'on n'intimide pas facilement et qui ne renonce jamais. Deneuve est crédible dans ce rôle, même si je n'ai jamais trouvé qu'elle était une bonne actrice. Elle joue toujours pareil, débite ses lignes comme une mitraillette (même ici en italien), avec toujours le même rictus, toujours le même sourcil levé mais elle est Catherine Deneuve. Alors... on s'incline.

Face à elle, Guillaume Canet est un peu fade. Il n'a pas le regard de piranha du vrai Maurice Agnelet. Il semble un peu frêle dans un costume de bad boy trop grand pour lui. Ce n'est pas un mauvais acteur mais il est trop lisse.

Le film a été co-écrit par Jean-Charles Le Roux, le propre frère d'Agnès, il donne une version partisane et totalement à charge contre Maurice Agnelet. Sans surprise donc puisqu'Agnelet, dans la vraie vie, vient d'être condamné à 20 ans de prison pour l'assassinat d'Agnès Le Roux.

La vraie (bonne) surprise vient d'Adèle Haenel, inconnue en ce qui me concerne. Son interprétation d'Agnès Le Roux est impressionnante. D'un naturel bluffant, elle dégage sans forcer l'esprit rebelle que l'on imagine volontiers pour la jeune femme : impulsive, entière, intense, têtue.  La scène dans laquelle elle interprète une danse tribale africaine de façon totalement désinhibée, quasi en transes, sous les yeux d'un Guillaume Canet ébahi est purement exceptionnelle.

Il n'est pas facile de faire un film sur un fait divers réel. Il faut y imprimer sa patte, son style, sa propre lecture de l'affaire. Téchiné est certes un grand réalisateur mais sa version chronologique et trop fidèle de l'histoire Le Roux n'apporte rien de plus que l'épisode de "Faites entrer l'accusé" qui lui fut consacré il y a quelques années. Dommage.
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