Genre : le verre à moitié (note: **/****)
J'avais lu deux livres de Delacourt ("la liste de mes envies" et "danser au bord de l'abîme") et les deux fois j'avais été très déçue. Alors lorsque j'ai reçu celui-ci pour Noël il y a deux ans, inutile de dire que je l'ai mis dans ma bibliothèque sans sauter un battement en le laissant gentiment prendre la poussière depuis. Et puis finalement, je me suis dit pourquoi pas, allez je le tente, je lui donne une troisième (!) chance.
Et là, à ma grande surprise, je me suis prise à accrocher dès les premières pages. Je ne retrouvais ici rien de ce que j'avais reproché à Delacourt précédemment, au contraire : une belle écriture, certes une histoire pas des plus gaies (un peu sa marque de fabrique) mais racontée sobrement sans cliché, certaines phrases sonnant si juste que je les annotais dans la marge (chose qui ne m'arrive jamais). Une histoire de famille ordinaire, en trois temps : le héros nous raconte son enfance, puis sa vie conjugale mais il parle de ces deux époques de loin, on comprend très vite qu'il les conjugue au passé. Il nous parle depuis un ailleurs géographique et temporel. De loin bien sûr, tout est plus beau, comme dans ces albums photos où tout le monde sourit même si, peut-être, cinq minutes ou deux secondes avant on se disputait, le petit dernier s'était pris une claque, mama avait fait cramé le gâteau ou tonton venait de perdre son emploi, mais sur la photo tout le monde sourit, tout le monde est beau, on ne voit que le bonheur comme dans les albums photos Facebook d'aujourd'hui...
Je poursuivais ma lecture tranquillement, de plus en plus séduite, émue, agacée parfois, mais tout se passait bien jusqu'à ce que j'arrive au milieu du livre et là, ah mais là j'ai cru que j'allais le jeter par la fenêtre. Une seule scène a suffit, une seule ligne même. J'ai refermé le livre et je me suis dit "Ah ça non, c'est pas possible, j'arrête !". Et je suis allée me coucher.
Et puis, les jours et la colère ont passé, j'ai repris ma lecture. Mais ce ne fut plus pareil. Peut-être est-ce fait exprès, peut-être Delacourt veut-il nous faire ressentir au plus profond de nos ventres l'histoire de son héros. J'ai réussi à aller jusqu'au bout, j'ai réussi à trouver au fond de moi un peu de compassion pour cet expert en assurances, ses blessures, ses lâchetés, ses erreurs, ses mauvaises réponses aux questions difficiles que la vie lui posait. Je l'ai accompagné jusqu'à sa rédemption, réelle et probablement méritée, mais malgré tout je garde un souvenir mitigé de cette lecture.
samedi 26 janvier 2019
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