Genre: Vodka Red Bull (note: ** / ****)
Réal: David Cronenberg
Avec: Viggo Mortensen, Naomi Watts, Amin Mueller-Stahl, Vincent Cassel, etc.
La douce Anna, sage-femme anglaise d'origine russe, accouche une adolescente SDF de 14 ans qui meurt sur la table un soir de pluie. Dans ses affaires Anna trouve un journal intime dont elle pense qu'il la conduira à trouver un membre de la famille de la morte pour lui confier le bébé. Le journal est en russe et contient la carte d'un restaurant-club très chic, contrastant du tout au tout avec l'état clochardeux de l'adolescente. Anna se rend sur place, pleine de bonne volonté mais aussi de méfiance (bon sang ne saurait mentir), et fait la connaissance du patron des lieux Semyon, un vieil homme affable qui a tout du bon papa, de son fils Kirill et de son chauffeur et "nettoyeur" Nikolaï. Les ennuis commencent.
Le Kirill de Vincent Cassel est aussi bruyant et agité que le Nikolaï du statuesque Viggo Mortensen est calme et retenu. Le premier énerve, le second impressionne.
Cronenberg nous plonge dans un microcosme russe en plein coeur de Londres. Ici on parle russe, on mange russe, on se tatoue selon des codes familiaux et tribaux bien précis et on règle ses comptes à la russe. Niet et sans bavure. Seulement voilà, la persévérance et le courage d'une petite sage-femme toute simple et l'attirance qu'éprouve pour elle bien malgré lui un homme qui n'est pas censé éprouver quoi que ce soit vont mettre un grain de sable dans cette mécanique un peu trop bien huilée et précipiter la chute du patriarche.
Beaucoup trop (mais alors vraiment trop) de violence a fini par fatiguer, voire exaspérer, la spectatrice pourtant plutôt fan de A history of violence (et surtout de Viggo-no-ego) que je suis. Non, vraiment là ce fut trop. Trop de sang, trop de gorges tranchées face caméra plus gore tu meurs, trop d'os brisés, de machoires fracassées, d'yeux crevés ont fini par me donner la nausée et une bonne dose d'énervement après Cronenberg.
Tout ce déballage m'a surtout fait penser à l'interview d'un jeune auteur de 28 ans, aujourd'hui condamné à mort dans la vraie vie par la mafia sicilienne pour avoir écrit un livre "Gommora" dans lequel il décrit le véritable modus operandi de ces familles-là en appelant chacun par son (vrai) nom. Ce jeune écrivain, Roberto Saviano, affirme qu'aujourd'hui les jeunes mafieux rejoignent les rangs de leurs aînés non plus pour l'argent, qui est passé priorité 2, mais pour "vivre comme on voit dans les films".
Dans Le rêve de Cassandre, Woody Allen ne montre aucune image de violence physique (il détourne la caméra) et pourtant son film est d'une violence intellectuelle inouïe. Montrer la violence brute est solution de facilité (de lâcheté ?) : on laisse le spectateur se dépatouiller tout seul avec des images crues, qu'il sache faire la différence entre le bien et le mal ou pas, entre réalité et fiction ou pas, qu'il soit prêt à digérer tout ça ou pas. Est-ce bien nécessaire ?
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