lundi 22 septembre 2008

Critique de la pièce "EQUUS"

Genre: boucherie chevaline (note: *** / ****)

Pièce de Peter Shaffer (adaptation française de Pol Quentin)
Mise en scène de Didier Long - Théâtre Marigny
Avec Bruno Wolkowitch, Christiane Cohendy, Didier Flamand, Delphine Rich, Julien Alluguette, etc.

Alan a 17 ans, il est fasciné par les chevaux et pourtant il vient de crever les yeux de six d'entre eux. Folie passagère ? Acte prémédité ? Un psychiatre, le Docteur Dysart, va tenter d'élucider ce mystère.

L'exercice ne s'annonçait pas aisé. A cause du sujet déjà, particulièrement dramatique, mais aussi à cause de l'écriture de certaines scènes dont une qui conduit le jeune Alan à se dévêtir complètement sur scène. On attendait aussi Bruno Wolkowitch au tournant, acteur de série télé qui avait déjà fait une tentative théâtrale assez peu convaincante dans "Mademoiselle Julie".

Ici, Wolkowitch s'impose d'entrée par sa voix, son regard, sa présence. Face à lui un jeune acteur au jeu intense et entier, une véritable révélation. Christiane Cohendy est égale à elle-même, parfaite. Celle qui fut la suivante de Phèdre dans la pièce éponyme mise en scène par Patrice Chéreau il y a quelques années à l'Odéon du temps où il "squattait" les Ateliers Berthier est une fois de plus très juste. On regrettera simplement qu'elle fasse un poil trop mature pour le rôle. Mais on peut adresser le même reproche au choix de Didier Flamand dans le rôle du père. Certes il est parfait mais un peu vieux pour être le père d'un gamin de 17 ans... Delphine Rich se sort également très bien de sa partition. Seul bémol, Astrid Berges-Frisbey qui bute sur les mots, nous sort une série de borborygmes et s'arrête net avant de reprendre sa tirade précédente au lieu de faire comme les autres : enchaîner comme si de rien n'était. On mettra cela sur le compte de sa jeunesse et de son inexpérience, les deux étant de plus (malheureusement pour elle) amplifiés par la maîtrise de son partenaire, Julien Alluguette.

Une histoire tragique, dont la génèse se trouve toujours dans l'enfance, cet âge batisseur où tout n'est qu'apprentissage, traumatisme, candeur. Un casting globalement impeccable, une mise en scène remarquable qui ne fait pas d'ombre au texte mais au contraire le met en valeur font de cet "Equus" un superbe moment de théâtre. A guetter aux prochains Molières...

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