Réal. Xavier Legrand
Avec Léa Drucker, Denis Ménochet, Thomas Gioria, Jean-Marie Winling, Mathilde Auneveux, Mathieu Saïkaly, etc.
Après près de 20 ans de mariage et deux enfants, Myriam et Antoine Besson divorcent. Le film s'ouvre sur une scène tout en émotions contenues dans le bureau de la juge. Elle lit aux deux parents accompagnés de leurs avocates la déclaration du fils de 11 ans qui dit en des termes très forts ne plus vouloir voir son père ("l'autre"). Du tout. Jamais. Réaction du père : affligé, blessé, un gros nounours pataud qui tente de faire valoir ses droits et avant tout celui de voir ses enfants. Réaction de la mère : colère froide, un bloc de marbre. L'avocate du père tente de plaider la manipulation de l'enfant par la mère, l'avocate de la mère tente d'être plus conciliante, sa cliente veut en finir avec tout ça et reprendre une vie normale.
Au début on doute. Dans quel camp est la malveillance ? Après la première scène, on se dit qu'il y a quand même un décalage énorme entre les mots du fils de 11 ans pour décrire son père et l'attitude de ce père, calme, clairement en souffrance avec son regard de chien battu. On serait tenté de pencher de son côté, la mère ayant tout l'air de cette manipulatrice que décrivait l'avocate du père. Ce ne serait pas la première fois qu'une mère monterait ses enfants contre leur père pour lui faire du mal dans une procédure de divorce.
Alors qu'est-ce qui fait que deux scènes plus tard, on sait que ce n'est pas le cas ? La réponse tient en deux mots : Thomas Gioria. Par une performance d'acteur des plus minimalistes, ce jeune garçon fait passer une multitude d'émotions au premier rang desquelles la terreur. Une terreur réelle qui traverse l'écran pour nous prendre aux tripes. Les scènes entre le fils et le père dans la voiture sont incroyables d'intensité.
Le film dure 90 minutes et il tient en quatre ou cinq scènes pas plus. C'est tout ce qu'il faut à Xavier Legrand, avec un minimum de dialogues, des scènes longues, sans musique, un montage au scalpel et des acteurs tous fabuleux pour faire monter crescendo la tension jusqu'à la scène finale, glaçante, dix minutes en apnée.
Léa Drucker a obtenu le César de la meilleure actrice pour ce film. Elle l'a probablement mérité mais le jeune Thomas Gioria l'aurait mérité aussi. La meilleure performance du film, pour moi c'est lui.
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2 commentaires:
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