vendredi 22 juin 2012

Driving Miss Pivoine

The day I was a movie star in L.A. (ou presque)

Deux jours de séminaire organisés par ma boîte à Los Angeles il y a dix jours m'ont donné l'occasion de prolonger mon séjour d'une journée pour visiter la ville. Ou plutôt pour rendre visite à certains sites chers à mon coeur de midinette, car pour moi LA = films, légendes et... Marilyn Monroe.

Je ne voulais pas louer de voiture (peur de me perdre) alors j'ai réservé une voiture avec chauffeur ! Ben tiens. A 10h00, mon chauffeur était là, dans le lobby de mon hôtel, costume cravate, limite s'il n'avait pas sa casquette à la main. Et nous voilà partis direction la première escale sur mon itinéraire : 5th Helena Drive.

Je suis persuadée que cette adresse ne dira rien à personne, à part une poignée d'irréductibles fans de Marilyn. C'est tout simplement sa dernière adresse, là où elle est morte. Quelques clics sur le GPS et une heure et des bouchons plus tard (LA oblige...) nous y voilà. Je demande au chauffeur de me laisser à l'angle de l'impasse précédente qui s'appelle 4th Helena Drive (quelle créativité ces ricains...). Le ciel est gris blanc, il fait bon, c'est un quartier résidentiel de villas avec jardins verdoyants, pleins de fleurs colorées. Je m'avance jusqu'au pilône qui indique "5th Helena Drive", je m'engage dans l'impasse, je sais que la maison est celle au fond à gauche. Evidemment une fois devant ce n'est qu'un portail gris au milieu d'un mur de cloture blanc. On ne voit rien. Je mets mon oeil dans les interstices des lattes en bois et je regarde à l'intérieur de la propriété. Je reconnais les briques rouges du sol, un mur de la maison avec sa fenêtre à barreaux de style mexicain. Je revois dans ma tête les images en noir et blanc que j'ai vues tant de fois : le corps de Marilyn que l'on sort de la maison sur une civière, sous une couverture. C'était il y a presque 50 ans, je n'étais même pas née. Et me voilà, la gorge presque serrée de me retrouver là. Lieu mythique pour moi. Je fais quelques pas pour m'éloigner, je reviens, je touche le portail. C'est un peu enfantin ce comportement, un peu idiot cette adoration pour une morte que je n'ai jamais connue. Et pourtant je suis là, 5th Helena Drive... J'ai rêvé de ce moment toute ma vie.

Je finis par m'extraire du sanctuaire, remonte en voiture et indique à mon chauffeur l'escale suivante qui n'est pas loin d'après Google Maps. Clics GPS et nous voilà repartis pour arriver 15 minutes plus tard au mauvais endroit. Mon chauffeur a beau me dire que c'est là une fois garés dans le parking, je sais que non. Nous sommes dans un cimetière aligné de croix blanches : des vétérans de guerre. Je cherche un cimetière de civils. Je descends de voiture, demande à un vieux couple qui est là. "I'm looking for Westwood Village Memorial Park, do you know where it is?". Oui, ça leur dit quelque chose et ils me donnent quelques indications. Nous voilà repartis, mon chauffeur et moi. Et on tourne, on vire, mon chauffeur semble se foutre royalement de savoir si nous allons finir par trouver le bon endroit. Il est payé à l'heure, pas au résultat. Il faudra que j'appelle ma mère en France pour qu'elle trouve l'adresse exacte sur Internet et me la donne. Au final : on était à deux pas, mais on tournait en rond. On aurait pu chercher encore longtemps tellement l'endroit est confidentiel. Un tout petit cimetière en pleine ville, entouré d'immeubles immenses. Mon chauffeur se gare, je descends et je me dirige immédiatement vers un angle du cimetière. Je ne sais pas si ce que je cherche est par là mais je le sens. Il y a un carré de verdure au centre du cimetière avec des tombes et des plaques à même l'herbe, et tout autour des pavés de béton ornés de petites plaques derrière lesquels des tiroirs servent de dernière demeure aux gens enterrés-là. Je marche d'un pas décidé mais pas pressé, je croise la tombe de Farrah Fawcett, en marbre rouge, sobre, sans date, juste son nom. Je remonte l'allée de droite, vers un mur de plaques. Je ne vois pas encore ce qui est écrit sur ces plaques mais je sais déjà que c'est bien là. Je vois un bouquet de fleurs sur l'une des plaques, c'est le seul. Je m'approche, un couple de sexagénaires arrive par ma gauche à ma hauteur. Nous arrivons ensemble et le monsieur dit à sa femme "she always has flowers, it's the fans...". J'y suis.

Sur la plaque un nom et deux dates : Marilyn Monroe 1926 - 1962, et dans le vase prévu à cet effet un bouquet de fleurs champêtres. Rien de glamour, juste des fleurs des champs cueillies à la main. La plaque a une couleur différente de celles qui l'entourent : elle est plus foncée. C'est à cause des gens qui la touchent, l'embrassent, la caressent. Ils laissent leur marque. Je regarde cette plaque, je me dis qu'il y a 50 ans est venue s'allonger là une jeune femme de 36 ans, adulée par le monde entier et morte de solitude. J'en ai presque les larmes aux yeux, du haut de mes bientôt 42 ans... It's silly I know but I can't help it.

Je demande au couple de bien vouloir me prendre en photo. Ils s'exécutent. Je les prends aussi. Je reste un moment, m'éloigne, me rapproche, touche la plaque de métal moi aussi. Puis je fais un tour dans le cimetière. D'autres vedettes reponsent ici : Dean Martin, Jack Lemmon, Billy Wilder, Natalie Wood, Farrah Fawcett, Walter Matthau. Tout le temps où je suis restée dans ce cimétière tous les visiteurs se sont à chaque fois dirigés vers une seule et même tombe : celle de Marilyn.

J'ai quitté l'endroit à regrets mais le temps passait et j'avais encore beaucoup d'endroits à voir sur mon programme. J'ai ainsi passé le reste de la journée entre Rodeo Drive, l'hôtel Beverley Wilshire (pretty woman, walking down the street...), le Walk of Fame et enfin le Walt Disney Concert Hall architecturé par Franck Gehry. Une pure merveille. On dirait des feuilles de partition soufflées par le vent et s'envolant vers le ciel. Franck Gehry est vraiment un génie.

Il y avait beaucoup d'autres endroits sur mon programme mais en une journée, avec les embouteillages Los Angeliens, cela n'a pas été possible : je devais rentrer à mon hôtel pour 17h00. Ce sera pour une prochaine visite parce que oui, L.A., I'll be back...
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