lundi 23 juillet 2012

Game Change

Aux Etats-Unis, le Vice-Président est une position à la fois primordiale et sans intérêt : avant l'élection, il est celui ou celle qui peut faire pencher la balance (Kennedy n'avait-il pas choisi le texan Johnson pour s'assurer les voix des états du sud alors que les deux hommes ne s'appréciaient guère), après l'élection il/elle n'a pas plus de rôle à jouer que la première dame de France. Il/elle occupe un vague strapontin, coupe des rubans lors d'inaugurations de statues et d'édifices publics, représente le Président lorsque l'occasion n'est pas prioritaire et que celui-ci a mieux à faire.

Mais il n'empêche qu'il faut le/la choisir avec soin car en cas de décès du Président en exercice, il/elle prendra sa place. Et là, ce n'est plus pareil, ce n'est plus pareil du tout.

Dans la même veine qu'un "Margin Call", "Game change", l'excellent téléfilm produit par HBO et réalisé par Jay Roach, décrit par le menu le choix de Sarah Palin pour être la binôme de John McCain sur le ticket républicain pour l'élection présidentielle américaine de 2008. Comment elle fut choisie, comment elle fut coachée et comment elle, une virtuelle inconnue, gouverneur d'un état d'à peine plus de 700 000 habitants, devint la femme la plus médiatisée et la plus méprisée au monde cette année-là.

Superbement écrit et joué, le film démontre très bien que si l'on peut donner un nouveau look, une nouvelle coiffure, un maquillage plus soigné à cette femme en 24 heures, on ne peut lui donner une culture générale dans le même temps. Et que si le look, l'emballage, le joli vernis font leur petit effet à la première impression, c'est la substance qui fera la vraie différence sur le long terme.

Au début on sourit de ses bourdes, de sa stupidité, on s'amuse à voir tout un état-major de campagne s'arracher les cheveux à faire entrer un minimum de géographie, d'histoire et de géopolitique dans cette tête bien faite mais pas très pleine. A vouloir être audacieux, à vouloir faire un "coup", ils se sont mis eux-même dans la panade sans possibilité de retour en arrière, et on se dit que c'est bien fait pour eux. Et puis... il y a une scène qui se passe chez McCain lors d'un barbecue. Il a demandé à faire mettre en présence son médecin personnel et Sarah Palin, à l'insu de cette dernière, pour avoir l'opinion du pratricien sur l'état psychique de sa vice-présidente. Le médecin l'observe et finir par lâcher que "pour une femme qui vient d'avoir un bébé, qui a un fils en Afghanistan, une fille adolescente enceinte, un état à gérer et une campagne présidentielle à mener, elle s'en sort très bien". Et là, soudainement, on se dit qu'il n'a pas complètement tort. On avait fini par oublier que Sarah Palin est une vraie personne, qui a une vraie vie, une vraie famille, de vrais sentiments et non pas cette marionnette parodiée par Tina Fey tous les samedis soirs. Et bizarrement, à ce moment-là du film, on la regarde comme un être humain pour la première fois, presque avec compassion.

Mais comme nous aussi, nous ne sommes que des êtres humains, lorsqu'elle se compare à Hillary Clinton au cours d'une conversation téléphonique avec Nicolle Wallace, sa conseillère en communication durant la campagne, on ne peut s'empêcher de rire de nouveau, de se moquer. Elle redevient instantanément la Sarah Palin qu'on adore détester qui décidément ne se rend pas compte à quel point elle est à côté de la plaque, et à quel point elle en est ridicule.

"Game Change" (2012) - TV (note: ***/****)
Réal. Jay Roach
Avec Julianne Moore (Sarah Palin), Ed Harris (John McCain), Woody Harrelson (Steve Schmidt), Sarah Paulson (Nicolle Wallace), Ron Livingston, Peter MacNicol, Jamey Sheridan, etc.

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vendredi 20 juillet 2012

Critique du film "Paris-Manhattan"

Genre: to Woody, with love (note: */****)

Réal. Sophie Lellouche
Avec: Alice Taglioni, Patrick Bruel, Michel Aumont, Marine Delterme, etc.

Alice, célibataire de 30+ ans, s'est construite grâce aux films de Woody Allen qui sont devenus pour elle une ligne de vie, une thérapie. Jusqu'au jour où elle rencontre Victor, concepteur d'alarmes originales, qui lui n'a jamais vu un seul film de Woody Allen et s'en porte très bien. Victor va faire prendre conscience à Alice qu'il y a une (vraie) vie en dehors du cinéma de Woody.

Le film est gentillet mais il aurait mérité des personnages et un scénario un peu plus écrits, malgré quelques bonnes idées (les dialogues imaginaires entre Alice et Woody). Alice Taglioni, heureusement, illumine la pellicule de sa fossette et sa blondeur, de son jeu simple et naturel. Bruel par contre est en pilotage automatique : il a pris un sale coup de vieux (et une bonne dizaine de kilos), semble se demander ce qu'il fout là, et surtout a l'air de s'y connaître en électricité comme moi en cuisine moléculaire. Toutes les scènes dans son atelier ne sont pas crédibles pour deux sous, à la limite du ridicule. La réalisatrice est clairement de bonne volonté mais son film manque de rythme et elle se perd dans des histoires parallèles : l'infidélité supposée du beau-frère d'Alice, par exemple, nous entraîne dans une virée nocturne dans l'appartement de la soeur qui n'a strictement aucun intérêt.  Mention spéciale par contre au choix d'une bande originale qui oscille avec bonheur entre Cole Porter et Ella Fitzgerald.

Il faut attendre les dix dernières minutes du film pour en voir la meilleure scène : Docteur Woody and Mister Allen themselves, en guest star. Toujours un peu décalé, toujours l'air de tomber du lit, un oeil vaguement éteint et l'autre qui pétille, il fait du Woody Allen et nous laisse sortir de la salle avec un petit sourire goguenard au coin des lèvres.
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mercredi 18 juillet 2012

Rizzoli & Isles

Reed & Reed, Pearson Hardman, Lockhart / Gardner et... Rizzoli & Isles. Cherchez l'intru ? Non, Rizzoli & Isles n'est pas un cabinet d'avocats cathodique de plus. C'est le couple professionnel formé par Jane Rizzoli (Angie Harmon) et Maura Isles (Sasha Alexander) respectivement flic et médecin légiste à Boston, qui a donné son titre à une série américaine actuellement dans sa troisième saison de diffusion aux Etats-Unis.

Pas besoin de s'éterniser sur les qualités intrinsèques de la série : elle n'est clairement pas au niveau d'écriture des trois citées plus haut, loin de là même, et pourtant... Pourtant j'ai visionné toute la saison 1, j'ai enchaîné sur la saison 2, et j'ai bien l'intention de rattraper mon retard jusqu'à la saison 3. Pourquoi ? Mon produit d'appel fut Angie Harmon. Une très jolie fille que j'avais découverte dans Law & Order il y a une bonne quinzaine d'années. Angie a le look mais elle sait aussi jouer, avec sérieux, avec humour, avec féminité ou pas. Ici elle est la seule fille d'une fratrie de trois enfants dont deux sont dans la police. Inutile de dire que la féminité n'est pas sa qualité première. Pour la féminité il faut regarder du côté de Sasha Alexander, médecin légiste en Louboutin et robes de marque. C'est le contraste col blanc / col bleu. Grâce aux actrices qui ont clairement une alchimie à l'écran, ça fonctionne et c'est pour ça que je continue de regarder.

Les histoires d'homicide un peu simplistes au début sont de mieux en mieux écrites (mention spéciale à l'épisode se déroulant pendant le marathon de Boston) et ont surtout la bonne idée d'utiliser le potentiel historique de la ville comme toile de fond très souvent. C'est suffisamment rare aux Etats-Unis pour être souligné.

"Rizzoli & Isles" - Série US - 2010 (note: */****)
Créée par Janet Tamaro
Avec : Angie Harmon, Sasha Alexander, Jordan Bridges, Lee Thompson Young, Bruce McGill et Lorraine Bracco
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Critique du film "Friends with kids"

Genre: from love to perpetuity (note: **/****)

Réal. Jennifer Westfeldt
Avec: Jennifer Westfeldt, Adam Scott, Jon Hamm, Kristen Wiig, Maya Rudolf, Edward Burns, Chris O'Dowd, Megan Fox, etc.

Julie et Jason ont la trentaine bien tassée et sont BFF (les meilleurs amis du monde). Leurs deux couples d'amis les plus proches se sont lancés dans l'aventure de la parentalité avec plus ou moins de bonheur... En les observant, Julie et Jason en viennent à la conclusion que romantisme et enfants ne font pas bon ménage et que mieux vaut faire et élever un enfant avec quelqu'un(e) de bien dont on n'est pas amoureux, tout en continuant de chercher la passion amoureuse dans d'autres bras. Ils décident donc d'avoir un enfant ensemble sans être ensemble.

Le point de départ de cette comédie de moeurs US penche ostensiblement du côté du déjà vu (et le point d'arrivée aussi du reste). C'est ce qui se passe entre les deux qui vaut qu'on s'y attarde. Le non-couple de parents formé par Adam Scott et Jennifer Westfeldt (madame Jon Hamm à la ville) a droit aux réflexions et commentaires de leurs familles et de leur entourage tout comme les couples de parents classiques mais ils ont l'air de s'en sortir beaucoup mieux au quotidien, au final, en terme d'organisation et de partage des tâches. Serait-ce parce que leur quotidien n'est pas baigné (biaisé ?) par le sentiment amoureux ?  Mais combien de temps peut-il rester à distance ce sentiment amoureux justement une fois qu'on se rend compte qu'on fait mieux que les autres, qu'on a quand même un enfant ensemble et que ce n'est pas rien ?

Là où le film est intéressant et pose de bonnes questions c'est quand il se penche sur le cataclysme monumental que représente l'arrivée d'un enfant au sein du couple. On passe du statut de couple à celui de famille, de couple conjugal à couple parental (comme disent les psy à la télé...) et rien n'est plus pareil, et ne sera jamais plus pareil. Tout l'enjeu tient dans l'équilibre à trouver dans l'énergie et le temps que l'on va allouer à chaque entité : moi, mon conjoint, mon couple et notre enfant. Aucun des quatre ne doit être lésé. Le personnage de Jon Hamm résume très bien la situation lorsqu'il dit "Quand tout était au top, notre couple était au top; quand on est devenu une famille, notre couple a explosé".

Friends with kids m'a beaucoup fait penser aux petites comédies sympathiques réalisées par Edward Burns dans les années 90. C'est certes très bobo, très New York style, très intello et très écrit. Jennifer Westfeldt est tellement botoxée qu'elle arrive à peine à sourire, Megan Fox est un joli brin de fille qui sait jouer autre chose que les bombes blockbusterisées, les mecs sont attachants et l'histoire se laisse voir jusqu'au bout sans déplaisir même si on sait déjà comment tout ça va se terminer.
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