Ce que je peux dire d'eux sur un simple regard...
Il m'est arrivé, parfois, de sortir d'un film et de n'en garder qu'un regard. Le regard d'un acteur. Je me suis rendu compte que quelques acteurs m'avaient un jour donné des frissons, sans parler, sans bouger, sans rien faire d'autre que tout transmettre dans un regard.
A la base, le regard est très important pour moi. En tant que femme, dans le jeu de la séduction par exemple, je suis très "sensible" au regard des hommes. Pas à celui que l'on porte sur moi mais simplement à l'intensité du look comme disent les anglo-saxons. Pour moi Sean Connery l'a. George Clooney aussi. Un regard intense, qui vous transperce comme un laser, même si je ne les ai jamais croisés que par l'intermédiaire d'un écran de cinéma. Richard Gere aussi (forcément...), mais plus doux. Et puis il y a le jeu. Récemment, je me suis rendu compte que certains de mes grands moments cinématographiques se résumaient par un regard. Ces regards-là...
D'abord il y a eu
Al Pacino dans "Le Parrain II". Scène d'anthologie en ce qui me concerne. Une boîte de nuit, Miami. Michael Corleone sait que quelqu'un de son entourage le trahit en divulgant des informations à ses ennemis. Il ne sait pas qui. Et dans cette boîte de nuit, dans le brouhaha le plus total, son frère parle trop et Michael Corleone comprend que c'est lui qui l'a trahit. Son propre frère. Et là, dans le regard de Pacino, il y a tout: une ombre, une panique, une déception, une colère, une douleur et déjà, une condamnation. Et sur mon épine dorsale, des frissons.
Toujours dans le drame, il y a le regard décomposé de
François Cluzet dans "L'adversaire". Tout à la fin du film, quand il arrive chez son ami Jean-Marc Faure au moment où la police sort les cadavres. Dans ce regard-là, il y a toute la culpabilité du mec qui se rend compte qu'il n'a rien vu venir, rien compris à rien. Qu'il vivait dans l'illusion d'une amitié qui n'existait pas. Un regard à donner froid dans le dos.
Drame encore pour
Ulrich Tukur dans "Amen.". Un coup d'oeil dans un oeilleton qui donne sur... On ne le saura pas, ou plutôt on ne le verra pas mais dans le regard de Tukur, on le devine. L'horreur. Et encore ce serpent glacé qui monte le long de notre colonne vertébrale. Sur un regard. Pas de mots, pas de geste, pas de jeu de mise en scène. Un simple regard...
Il y a plus de vingt ans, un film français: un viel homme sur un banc, par une douce fin d'après-midi d'automne du midi de la France, parle avec une très vieille femme, aveugle. Elle lui raconte l'histoire de son amour de jeunesse à lui, qui avait quitté le village longtemps auparavant et qui est morte depuis longtemps. Une certaine Florette... Et Florette avait écrit quelques mois après son départ pour annoncer qu'elle avait eu un fils de l'homme. Mais l'homme n'avait jamais reçu la lettre et s'en étonne. Alors il demande à la vieille "Mais cet enfant, il est né vivant ?" Et elle "Vivant oui... mais bossu". Et dans le regard de
Montand, toute la détresse et le désespoir du père qui a tué son enfant sans l'avoir jamais connu, sans avoir jamais su qu'il était sien.
Pour finir sur une note plus gaie, il y a enfin
Gilbert Melki dans "La vérité si je mens 2". La scène dans un stade de foot, avec Daniel Prévost. Cela fait des semaines que Melki se farcit la présence de Prévost, tout ça pour le convaincre de rencontrer un fournisseur potentiel joué par Gad Elmaleh, et Prévost fait la forte tête. Melki n'en peut plus, est à deux doigts de tout laisser tomber, et
just like that Prévost lui annonce que finalement c'est d'accord, il veut bien rencontrer Gad. Melki ne dit rien, il se contente de détourner légèrement le regard. Un regard rempli de jubilation. Et de soulagement que son calvaire soit enfin terminé. Excellent !
Evidemment, ces exemples-là ne sont que des exemples. Je sais qu'il y en a beaucoup d'autres à citer et ce post pourrait d'ailleurs se voir modifier quelques fois au fur et à mesure que d'autres exemples referont surface dans ma mémoire sélective ou que d'autres se rajouteront dans les films à venir.
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