lundi 18 février 2008

In the House of Dust

Nicolas Sarkozy dégringole dans les sondages, son premier ministre s'y porte bien. Bizarre ? Pas tant que ça. On pourrait croire que ce Président élu avec plus de 53% des voix en mai 2007 serait passé en 9 mois du têtard au crapaud dans l'esprit collectif, disgrâce motivée par une absence de promesses électorales tenues, un revirement à 180° de la politique prônée en campagne et autres joyeusetés post-élection du même acabit. Que nenni. Si Sarko dévisse tout seul comme un grand alors que son chef du gouvernement, lui, se maintient, c'est qu'il y a une raison et une seule : c'est une question de comportement. Comme à l'école : élève doué mais turbulent, dissipé, insupportable.

Notre président étale sa vie privée à la moindre occasion y compris dans les conférences de presse (?!), claque la bise à ses homologues à tout bout de champ, a la démarche d'un chimpanzée en goguette, invective en direct à la télé ses concitoyens, bref c'est un gros plouc. Il dit "le Président est un homme comme les autres". Eh ben non, Monsieur le Président. Justement pas. Et la réponse est dans la question. Le Président doit être exemplaire, irréprochable, un modèle de retenue, de dignité, de sagesse, d'intelligence, de mesure et de beaucoup d'autres choses dont Monsieur Sarkozy ne semble pas posséder ne serait-ce qu'une vague idée. OK il est énergique, dynamique, il veut faire bouger la France, la remettre sur les rails du TGV plutôt que la laisser sur une voie de garage. Tout ça OK. Mais la manière n'y est pas. Et ça compte, la manière.

Dieu sait que je ne supportais pas Mitterrand, mais pour ce qui est du comportement, de la mesure, de la réserve, de l'esprit, il en connaissait un rayon.

Alors reste Fillon et ses sondages globalement favorables pour nous rappeler que non, Nicolas Sarkozy n'est pas arrivé là complètement par hasard. Il est arrivé là parce qu'il avait un programme, des idées, une certaine vision de la France que 53% des français ont visiblement partagé. Et 53% ce n'est pas rien. Et cette vision de la France, ce n'est pas rien non plus.

Mais ça va être difficile… Parce que la France a besoin d'être rénovée ? Oh que oui.

Pour moi la France c'est une grande et belle maison, très vieille mais très solide, avec des fondations inébranlables, avec des gens bien qui vivent dedans mais qui depuis quelques décennies ont laissé la poussière s'accumuler un peu, puis beaucoup, jusqu'à recouvrir de gris toutes les dorures. Comme tout le monde bouge au ralenti dans la maison et que le chef de famille s'est endormi en l'Etat, forcément la poussière s'entasse. On a fermé les volets pour qu'elle ne se voie pas trop, mais elle provoque tout de même quelques allergies chroniques par-ci par-là, une grosse fatigue générale, un air un peu irrespirable pour les plus fragiles (les plus faibles ?), on se cogne un peu dans les meubles car l'environnement est vicié. Rien de grave.

Et un beau jour, une partie des habitants de la maison décide d'y inviter un homme nouveau, qui rouvre grands les volets, empoigne le tapis du salon à pleines mains et le secoue très fort pour commencer un grand nettoyage de printemps. Forcément, toute cette poussière soulevée d'un coup, tout le monde en tousse à s'en décrocher les poumons, ça pique les yeux, ça dérange, ça exaspère. Une bonne grosse toux, quelques larmes, et après ? Après, une fois que le grand ménage aura été fait et la maison dépoussiérée, alors peut-être que les allergies latentes et chroniques seront oubliées, peut-être que l'énergie et l'enthousiasme feront leur grand retour, peut-être qu'on y verra plus clair et plus loin, peut-être que le blason sera enfin redoré et que la grande et belle maison France rayonnera de nouveau à la place qui fut la sienne si longtemps.

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