Réal. Jalil Lespert
Avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Laura Smet, Marie de Villepin, Marianne Basler, etc.
Il y a des films qu'on attend et ceux qui nous
attendent. YvesSaintLaurent est sans doute de ceux-là. YSL fut mon initiation
au monde du luxe. A 15 ans, mon premier objet de convoitise fut une bouteille
du parfum "Paris". Je l'ai porté huit ans. Encore aujourd'hui je le
reconnais à dix mètres et je me retourne systématiquement dans la rue sur toute
femme qui le porte. C'est pavlovien. Je veux voir à quoi ressemble la femme
Saint Laurent d'aujourd'hui.
Avant d'aller voir ce film, j'avais vu sur Paris
Première un documentaire sur le couturier. Il s'y racontait lui-même et
d'autres, ses proches (sa mère, Pierre Bergé, Betty Catroux, Loulou de la
Falaise, Edmonde Charles-Roux), le racontaient aussi. Ce documentaire m'a permis
de mieux comprendre car le film de Jalil Lespert est un peu décousu (un comble).
Il veut tout dire, trop dire.
Yves Mathieu-Saint-Laurent (son vrai nom) a eu une
vie difficile et compliquée. Il s'est su très tôt homosexuel, ce qui lui valut
quelques raclées infligées par ses petits camarades de classe dans l'Algérie
colonisée des années 40. Très tôt aussi il a su qu'il voulait habiller les
femmes. Il entre chez Dior à 19 ans et fait ses armes. A la mort de Monsieur
Dior, il reprend la boutique, à 21 ans. Il est trop jeune, trop émotif, il a trop
de pression, la guerre d'Algérie menace sa carrière, sa santé mentale. Il finit
en psychiatrie au Val de Grâce. Avant cela il avait rencontré Pierre Bergé :
son ami, son compagnon, son sauveur.
Pour le sauver, Bergé lui dit "le talent tu l'as, le reste je m'en
occupe". Et c'est ce qu'il fera cinquante ans durant. Yves n'aura qu'à
dessiner, Bergé gèrera tout le reste, sa vie même, et supportera tout par
amour, par admiration aussi.
Pierre Niney est habité. Il est à la fois
surprenant et parfait. Mais la vraie performance vient de Guillaume Gallienne
car il est plus difficile d'interpréter quelqu'un de "normal" qu'un
hyper-émotif, drogué, hyper-sensible, une icône. Ils étaient les deux faces
d'une même pièce et les acteurs rendent formidablement cette relation
singulière.
YvesSaintLaurent est un film souvent maladroit, pas
hagiographique pour deux sous, empreint d'une belle émotion, d'une grande
nostalgie, bien aidé en cela par des morceaux de musique parfaitement choisis.
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