lundi 5 janvier 2015

Les bonnes manières existent encore...

Deux semaines avant Noël, mon conjoint a trouvé dans la rue un iPhone version récente, là au milieu du trottoir dans son joli étui rose fuschia. Il l'a rapporté à la maison et m'a demandé ce qu'on pouvait faire. Le téléphone, dont la page d'accueil affichait la photo de deux jolies petites filles au sourire édenté, étant bloqué par un code, il n'y avait pas grand chose à faire sauf attendre. Attendre que quelqu'un appelle. En espérant que la batterie, déjà assez basse, ne soit pas morte avant.

Au bout d'une heure ou deux, le téléphone se met à sonner. Je décroche et en réponse à mon "Allô ?" un silence surpris. Normal. Je dis immédiatement "Je ne suis pas la propriétaire de ce téléphone". Une voix féminine de l'autre côté de la ligne me répond "En effet, puisque c'est moi. Vous êtes qui ?" Je lui explique comment je suis entrée en possession de son téléphone. Elle est très étonnée car elle pensait l'avoir oublié chez elle et appelait son mari pour s'en assurer. Eh non, il est chez moi.

Je lui dis que je le tiens à sa disposition et qu'elle peut venir le chercher à sa convenance, que j'imagine qu'elle ne doit pas habiter trop loin de chez moi. Son étonnement devient rapidement soulagement. Je lui donne mon adresse et lui dis de rappeler son propre numéro lorsqu'elle est en bas de mon immeuble et que je descendrai avec son téléphone.

Elle est arrivée à 16 heures. Une jeune femme de 30-35 ans, vêtue d'un manteau et d'un bonnet en laine. Cette femme ça aurait pu être moi en plus jeune. Elle tenait à la main un sac du pâtissier Gérard Mulot, de la même couleur que l'étui de son iPhone qui était dans la mienne. Je me suis dit qu'elle devait sûrement être attendue pour un goûter et qu'elle y apportait des macarons. Je lui ai donné l'iPhone. A ma grande surprise, je dois l'avouer, elle m'a tendu le sac Gérard Mulot en disant "merci beaucoup, vraiment, c'est très gentil de votre part". J'ai fait un geste de la main "non, non, ce n'est pas nécessaire, j'ai uniquement fait ce que j'aurais voulu qu'on fasse pour moi si j'avais été dans votre situation". Elle m'a dit "vous savez c'est un iPhone", j'ai dit "oui, j'ai vu".

On s'est dit au revoir et joyeuses fêtes. Qu'y avait-il d'autre à dire ? On ne se connaissait pas. Elle est sortie de mon immeuble, je suis entrée dans mon ascenseur, le sac contenant la boîte de macarons à la main. Et pendant tout le temps où je suis remontée jusque chez moi dans cet ascenseur je me suis dit : les bonnes manières ne sont pas mortes, il y a encore dans cette ville, dans ce pays, sur cette terre, des gens reconnaissants, "bien élevés" comme on disait dans le temps. Des gens bien.

Et ce jour-là, à l'approche des fêtes, au crépuscule de cette année 2014 percluse de petites contrariétés, sans gravité mais sans répit, j'en ai eu les larmes aux yeux.
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